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La manipulation paradoxale du pervers narcissique : comment s'en libérer ?

Le 29 mai 2025
La manipulation paradoxale du pervers narcissique : comment s'en libérer ?
La manipulation paradoxale est une arme d'emprise puissante qu'exerce le profil pervers narcissique sur sa proie. Cet article donne des pistes pour s'en libérer à travers le témoignage d'Eric et le récit de sa psychothérapie.

A. Perversion narcissique et manipulation paradoxale

La perversion narcissique est une défense contre des angoisses de persécution inconscientes. Le profil pervers narcissique, homme ou femme, se protège de sa souffrance en anticipant la persécution. Il attaque pour ne pas être attaqué et détruit le psychisme de l'autre à petit feu par des violences psychologiques, mais surtout par une manipulation mentale basée sur le paradoxe. Il dit une chose et dit le contraire. Ou bien, il dit une chose et fait le contraire. Il s'agit d'un semblant de communication, car en réalité, il cherche la guerre et s'en nourrit. Il vide ainsi sa proie de s'en énergie en niant ses besoins fondamentaux.

Le paradoxe de sa manipulation perverse vise aussi à détruire le lien de la victime avec elle-même. Elle devient confuse, déconnectée de son ressenti, de ses besoins, paralysée par le doute constant concernant ses perceptions. Cela favorise l'emprise du pervers narcissique sur sa proie. Par exemple, le paradoxe suivant peut engendrer une réaction de stupeur et une confusion mentale : "J'ai pense beaucoup à toi. C'est rare. Tu me manques", "Je t'en veux de me laisser tout faire. Tu pourrais au moins te révolter". La victime cherche à comprendre et plus elle cherche à comprendre, à dialoguer plus elle se heurte à un mur et se perd, puisque son interlocuteur fonctionne dans la prédation et non dans la coopération bienveillante. Le profil pervers narcissique hait toute forme de lien, car celui-ci menace sa toute-puissance, son pouvoir absolu. Cela implique le déni de l'autre, de toute forme d'altérité.

Eric m'a consultée, car il se renfermait sur lui-même, souffrait d'angoisse et d'une profonde tristesse, comme "un animal traqué". La victime est déshumanisée par le déni de son existence et se sent réduite à l'état d'objet ou d'animal traqué. Eric luttait contre l'angoisse par des rituels de vérification au niveau de l'hygiène. Il se réfugiait dans le sommeil, souffrait du côlon irritable et pensait au suicide. Cet état datait de son enfance où il avait souffert des comportements paradoxaux de son père et de sa mère. Ils formaient un couple destructeur, car son père dénigrait, culpabilisait sa mère devant lui quotidiennement. Ils avaient exercé tous les deux une emprise sur Eric. Ils désiraient que leur fils réussisse à l'Université, mais en même temps, ils le décourageaient de réussir. Pendant les examens, son père lui proposait de faire un certificat médical, comme il était médecin. Il lui disait que, de toute façon, il ne réussirait pas. Sa paradoxalité s'exprimait aussi envers la soeur d'Eric, car il lui disait que l'Université lui coûtait cher et qu'il était au bord de la faillite. Tous les deux ont arrêté l'Université. Eric s'est rendu compte sur le lit de mort de son père que c'était de la manipulation perverse, car il lui dit que sa soeur allait hérité de beaucoup d'argent alors qu'il s'était toujours plaint d'être au bord de la faillite. La mère d'Eric se montrait intrusive dans la vie sexuelle de celui-ci, en entrant dans sa chambre pour surveiller son fils, sous le prétexte de ses convictions religieuses, quand il invitait une amie. Elle entrait aussi dans la salle de bain quand il était nu pour l'observer et le toucher. Sa mère affichait des regards tueurs tout en restant polie et froide. Ses deux parents ont commencé à boire et à évoluer vers une déchéance physique à partir de ses 10 ans. Le père d'Eric se montrait parfait à l'extérieur, adulé par ses patients. Mais, dès que la porte se refermait, il adoptait des comportements destructeurs envers lui-même et ses proches.

Tout cela a plongé de plus en plus Eric dans l'alcoolisme, la dépression, un état d'hypervigilance constant. L'emprise psychique de ceux-ci persistait après leur mort, car il était submergé par des mécanismes de survie pour se protéger des peurs intenses inoculées par ses parents : rituels de vérification (combat pour contrôler), prise d'alcool (fuite pour ne plus ressentir), enfermement (figé dans le désespoir).  Il continuait à avoir pitié d'eux et restait loyal envers eux en s'auto-détruisant, car il n'était pas différencié d'eux.

B. Comment s'en libérer ?

Eric a appris à se sécuriser en psychothérapie (thérapie polyvagale) par des exercices corporels, l'identification de ses mécanismes de survie et leur apaisement. Ils l'ont aidé à sentir son enveloppe, ses limites par le tapotement de chaque partie du corps. Il a construit son ancrage par le contact de ses pieds avec le sol, le recentrage sur ses sensations agréables au contact de ses ressources. Celles-ci l'ont aidé à apaiser ses mécanismes de survie. Par exemple, lorsqu'il voulait vérifier, il a identifié la part combative de son moi "méfie-toi du goût du chocolat !". Il pouvait ainsi percevoir que ce comportement datait de ses 8 ans. Il contrôlait, méfiant, par le rangement et n'accordait aucun crédit à ce que disaient les autres. Cela lui permettait de ne pas ressentir sa profonde insécurité, le sentiment d'impuissance devant les violences psychologiques entre les parents, leur manque d'hygiène associé à leur alcoolisme croissant. Il mobilisait sa ressource de puissance pour stopper le mécanisme de survie en se rappelant son retour de la pêche, pédalant allègrement sur son vélo. Ou bien, il s'apaisait en se rappelant que la maison paternelle était loin de chez lui. 

Par la suite, nous avons désensibilisé avec l'EMDR ses souvenirs traumatiques. Enfin, je l'ai aidé à décoder les mécanismes de la manipulation paradoxale. Ainsi, il a pu prendre du recul par rapport à ses parents, laisser monter en lui la colère face à cette emprise, sans respect de ses émotions et de ses besoins fondamentaux. Il a pu se différencier d'eux et ne plus entretenir cette pitié, cette culpabilité, cette honte qui l'empêchait de prendre distance. Il a compris la nécessité d'utiliser cette énergie de la colère pour prendre soin de lui, contre-manipuler face à la paradoxalité par la technique du brouillard (messages flous), la mise à distance en ne donnant pas d'informations, la réponse par la demande de précisions.

Ce qu'il faut retenir : Faire face à la manipulation paradoxale nécessite une prise de recul par la connexion à des ressources, à ce qui est source d'apaisement. cela permet d'observer ce qui se passe dans la relation et en soi, de reconnaître ses sensations, ses émotions et ses besoins. L'énergie revient et facilite la sortie d'emprise. Le repérage de la manipulation paradoxale est ainsi possible et l'usage de la technique du brouillard facilite la contre-manipulation pour ne plus être à nouveau détruit.

C. Contact

Si le vécu d'Eric vous parle, ne restez pas seuls. Osez rencontrer vos sensations et vos émotions afin de les transformer et de découvrir la joie de vivre. Vous pouvez contacter Christine Calonne, psychologue psychothérapeute, à Namur et à Liège (Thimister) ainsi que son équipe, par téléphone +32 42 90 58 14 ou par son formulaire contact.