Le trouble de la personnalité narcissique est défini par le DSM5 (manuel de psychiatrie américain) comme la caractéristique d'un sujet ayant un sens grandiose de sa propre importance, se surestimant et surestimant ses réalisations, ses capacités. Il a des fantasmes de succès illimité, de pouvoir, de beauté ou d'amour idéal. Il se vit comme spécial, compris uniquement par des personnages qui lui sont supérieurs, ou tout au moins uniques et rares comme lui. Il a un besoin excessif d'être admiré. Il pense que tout lui est dû et espère bénéficier de traitements de faveur. Il exploite l'autre dans des relations interpersonnelles et l'utilise pour arriver à ses fins. Sous un aspect chaleureux, il manque en réalité d'empathie et n'est pas disposé à reconnaître, à partager les sentiments humains. Il envie les autres, fait preuve de mépris et de dédain.
P. Racamier, A. Eiguer, M.F. Hirigoyen, D. Barbier, Ch. Calonne ont défini le trouble de la personnalité perverse narcissique comme la caractéristique d'un sujet dépourvu d'empathie, froid émotionnellement, obsédé par son image sociale parfaite, séducteur, envahissant, vampirisant le psychisme et la vie de sa proie. Cette personnalité est égocentrique, sans altruisme. Psychorigide, elle ne peut reconnaître la différence et impose sa volonté sans possibilité de coopération, de négociation. Elle crée une relation d'emprise pour s'approprier les ressources d'autrui, les exploiter. Elle tente de détruire l'identité de l'autre, car elle ne peut percevoir l'autre comme une personne. Le pervers narcissique refuse de satisfaire les besoins d'autrui. C'est l'autre qui doit se sacrifier pour lui. Son contrôle de lui-même et de son environnement lui permet jouer un double jeu séducteur/destructeur, d'adopter un double visage. Il planifie la destruction de l'autre, car il est très calculateur, machiavélique. Il maîtrise l'art de savoir jusqu'où il peut aller dans la destruction de sa proie afin que l'autre ne se doute de rien. Il jouit de sa déchéance, car il ne supporte pas le bien-être et la joie d'autrui. Il se venge ainsi de son passé, car il a réussi un déni de d'une souffrance insupportable vécue dans l'enfance. Cette vengeance lui permet de faire souffrir pour ne pas souffrir. Elle opère à travers un harcèlement moral au quotidien sur la victime. Déconnecté de sa vie intérieure, le ou la pervers(e) narcissique ne ressent rien si ce n'est la haine. Invulnérable, il méprise tout ce qui est humain. Ce déni de la souffrance, de la différence, de la loi lui permet d'obtenir le pouvoir par tous les moyens, sans culpabilité. Incapable de s'excuser pour les violences qu'il inflige, il peut exercer celles-ci de façon insidieuse, permanente, grâce à l'usage de techniques de communication à des fins de manipulation, puis de destruction.
Parmi les points communs, on peut observer la prédation et l'exploitation d'autrui. Ils exploitent leur victime par leur capacité à communiquer dans la manipulation. Ils exercent des violences sur autrui à cause de leur volonté de domination. Egocentriques, il n'éprouvent pas d'empathie et de compassion. Ils veulent être admirés, donner une image parfaite d'eux-mêmes en public. Ils envahissent et vampirisent leur proie. Ils ne veulent pas écouter, mais ils persuadent et imposent leur volonté de façon très convaincante. Ils méprisent l'humain. Insatisfaits, ils recherchent toujours plus de pouvoir, de prestige pour être reconnus. Ils attribuent l'entière responsabilité des situations aux autres. Ils sont moralisateurs. Ils inversent les rôles. Comédiens, ils jouent la victime et le jeu des émotions facilement.
Parmi les différences entre ces deux troubles, on peut reconnaître la violence explosive, cyclique chez le sujet narcissique et la violence instrumentale, permanente chez le sujet pervers narcissique. Le trouble de la personnalité narcissique manifeste des comportements de survie par insécurité. Le sujet narcissique peut être submergé par ses peurs, ses angoisses, sa dépression et sa rage. Il peut perdre le contrôle et son impulsivité l'entraîne dans une violence cyclique. Par contre, le pervers narcissique exerce une violence permanente, croissante avec le temps. C'est une violence instrumentale, car il traite l'autre comme un objet, un instrument. Cette maltraitance est accompagnée de tentative d'isolement de la proie afin de mieux la détruire. Déconnecté de sa vie intérieure, le pervers narcissique maîtrise sa destructivité et sait mentir constamment, manipuler les gens, projeter en eux ce qu'il refuse en lui (jalousie, peurs, tristesse, angoisse, ...). Il voit en l'autre quelqu'un de mal intentionné dès qu'il s'exprime maladroitement, ou s'il fait une erreur. Il est animé en effet d'angoisses paranoïdes, bien qu'il ait les deux pieds sur terre et soit très adapté socialement. Dans sa toute-puissance, il est incapable de remise en question. Cette difficulté de remise en question est commune aux deux.
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet vous pouvez lire mes livres "Les pervers narcissiques, 100 questions/réponses" et "Les pervers narcissiques, récits et témoignages" aux éd. Ellipses.
Si cette description vous interpelle et que vous souhaitez en parler, vous pouvez contacter Christine Calonne, psychologue clinicienne spécialisée dans l'aide aux victimes de pervers narcissiques et d'autres manipulateurs. Elle est psychothérapeute à Namur et à Liège, en Belgique, mais elle fait également des entretiens par skype ou par zoom, avec l'EMDR, l'hypnose, la psychothérapie comportementale et psychanalytique, centrée sur la structure familiale interne, la théorie polyvagale : +32 42 90 58 14. Avec son équipe, elle est à l'écoute des victimes sans jugement, avec empathie et bienveillance afin de les aider à sortir de l'emprise.
