Beaucoup de patients s'interrogent sur la jouissance à faire le mal dans la perversion narcissique.
En effet, cette jouissance est bien présente et consciente dans cette pathologie de la personnalité.
Elle est associée à un machiavélisme bien organisé par lequel le pervers narcissique a toujours plusieurs coups d'avance pour manipuler, exploiter et détruire sa proie.
Par son intelligence de guerre, sa volonté de contrôle absolu de l'autre, il est très conscient du mal qu'il fait, même s'il n'a pas d'empathie pour la souffrance de sa proie. Il peut même se moquer de l'expression de cette souffrance ou la manifestation de sa vulnérabilité.
Mais, il est difficile pour une victime dont le profil typique est l'altruisme, la capacité d'empathie, la générosité, la gentillesse et la bienveillance d'imaginer cela. Privilégiant la satisfaction des besoins d'autrui, elle ne comprend pas comment le pervers narcissique peut privilégier l'exploitation et la destruction de sa proie avec un machiavélisme sans failles.
Le pervers narcissique fonctionne sur le mode de la prédation, parce qu'il est dépourvu de ressources pour identifier son ressenti, ses émotions, ses besoins, en prendre soin. Il n'a pas d'empathie pour les autres, mais il n'en a pas non plus pour lui.
Le contrat implicite qu'il passe avec la victime est "Oublie-toi pour moi et tu seras aimé(e), reconnu(e) par moi". Evidemment, ce contrat est mensonger, comme est mensonger tout son comportement.
Il ne donne que des miettes d'amour et de reconnaissance à la victime, juste la quantité suffisante pour lui faire croire qu'elle peut continuer à espérer un changement de sa part.
En réalité, il la prive affectivement, l'instrumentalise, la manipule pour satisfaire ses objectifs à son détriment.
Elle s'oublie de plus en plus, travaille à sa place, prend les responsabilités à sa place, tandis qu'il parade et fait croire qu'il est à l'origine de tout cela.
En réalité, il ne veut pas assumer ses responsabilités que ce soit au niveau matériel, psychologique, affectif, moral. C'est un petit enfant immature, colérique, insatisfait, encore dépendant d'un parent (son partenaire, son ami, son associé, son subordonné, ...). Mais, il croit qu'il n'a besoin de personne. Sa toute-puissance narcissique l'empêche de reconnaître l'existence de l'autre. Il passe son temps à nier sa proie par ses comportements de violence psychologique, verbale, sexuelle, physique ou économique.
Ce déni de l'autre est une façon de se venger d'une négation de son existence, de ses émotions, de ses besoins, de sa pensée propre par un parent dans son enfance.
Vide, il a besoin de vampiriser sa proie en la faisant souffrir. Il se remplit de l'énergie que dégage sa victime en souffrance, exprimant ses émotions et ses besoins dans l'espoir d'être entendue, écoutée, mais en vain.
Il se venge ainsi du mal qu'on lui a fait subir.
Cette vengeance est aussi une façon subtile de nier sa peur et son insécurité fondamentale. Son style d'attachement est insécure désorganisé. Mais, il est inconscient de cette douleur, de ces angoisses profondes.
Il redoute inconsciemment la violence de l'autre et l'anticipe en agressant violemment sa proie.
Cette insécurité le pousse à s'enfermer dans sa forteresse intérieure et à ne laisser personne accéder à sa vulnérabilité, sa souffrance, sa douleur de petit enfant maltraité.
Il se présente ainsi en sauveur, protecteur, prince charmant pour empêcher l'autre d'accéder à ce petit enfant profondément blessé qu'il cache en lui.
Il répète, par identification à l'agresseur, la violence fondamentale, l'atteinte à son intégrité, à son identité par le parent qui l'a utilisé, maltraité affectivement, parfois abusé dans un inceste réel ou dans l'incestuel.
Vidé de son être quand il était petit, il est resté dans un état de mort interne.
Il a survécu en niant cette angoisse de mort et en devenant cruel.
En faisant souffrir autrui, il jouit de la douleur de sa proie, jouissance destructrice, mortifère, puisqu'il survit dans un état de mort interne bien dissimulé. Il jouit d'autant plus que la victime est au plus bas.
La victime empathique peut deviner dans cette jouissance l'expression d'une souffrance. Mais, il n'en est rien. La souffrance est niée. C'est ainsi que le piège se referme sur elle, car elle va continuer à essayer de comprendre et de faire comprendre à son agresseur ce qu'il refuse d'entendre.
C'est cette jouissance qui ranime une étincelle de vie en lui, de même que les disputes continuelles qu'il entretient avec ses proches. Ces disputes visent à blesser l'autre. Elles se différencient d'un conflit constructif où les deux interlocuteurs cherchent un rapprochement, un accord par le compromis, la négociation. Il refuse tout compromis, puisque l'autre n'a pas droit à la parole, à une pensée propre. Il ne reconnaît aucun droit à l'autre. La victime est sa poubelle et/ou son objet faire/valoir.
Bourreau, il préfère faire souffrir pour éviter de ressentir sa souffrance ancienne de ne pas avoir été reconnu et aimé pour lui-même. Il y perdrait sa toute-puissance et sa volonté de pouvoir absolu.
Traverser ses angoisses de mort interne, c'est une possibilité qu'il refuse d'envisager et qui, pourtant, l'aiderait à retrouver un lien avec la vie.
Les avantages à maintenir sa toute-puissance sont trop grands : rester loyal envers son parent maltraitant, recevoir son héritage matériel, financier, obtenir la reconnaissance sociale par ses réussites financières et matérielles.