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Conférence "Ceci n'est pas un(e) pervers(e) narcissique" le 6 juin St Ghislain

Le 04 mai 2024
Conférence
Conférence "Ceci n'est pas un(e) pervers(e) narcissique" présentée par Christine Calonne à St Ghislain le 6 juin à 19h : démystifier la perversion narcissique et proposer des pistes pour se libérer de la manipulation perverse.

Christine Calonne psychologue clinicienne et psychothérapeute vous présentera sa conférence "Ceci n'est pas un(e) perver(e) narcissique" le mercredi 6 juin à 19h à l'hôtel MAH. Il est nécessaire de s'inscrire à l'évènement sur la page FB Les Psyplettes.

A. Clarifier le terme pervers(e) narcissique

Christine Calonne tentera lors de cette conférence de démystifier ce terme trop souvent galvaudé, incompris ou nié afin d'aider les victimes comme les intervenants sociaux à mieux identifier ce trouble de la personnalité à l'extrême du trouble de la personnalité narcissique. Il est nécessaire de distinguer cette personnalité manipulatrice d'autres profils, comme les manipulateurs borderline, narcissiques, sociopathes ou psychopathes. 

Le trouble de la personnalité perverse narcissique se manifeste dans trois axes relationnels : la séduction narcissique, la prédation machiavélique, les manipulations perverses. En effet, cette personnalité opère à travers la relation, car le pervers(e) narcissique n'a pas conscience des motifs qui le poussent à agir. Il est dans le déni de la vie psychique, des émotions, des besoins fondamentaux, des conflits intérieurs aussi bien pour lui-même que pour autrui. Ce déni lui a permis de survivre à des traumatismes d'enfance, des abus narcissiques ou sexuels.

Sur l'axe de la séduction narcissique, on observe une grande capacité de persuasion, une réthorique qui vise à amener l'autre dans ses filets. C'est le complexe de Pygmalion. Ce complexe pousse le pervers narcissique à séduire comme maître à penser aussi bien dans sa vie amoureuse que dans sa vie amicale ou professionnelle. Il veut former l'esprit de sa proie avec une apparence de Sauveur. Il sait mieux qu'elle ce qui est bon pour elle, ce qui est vrai. Il cache ainsi ses intentions de prédation, car il avance masqué. Il l'idéalise en la flattant, en lui faisant croire que la rencontre est exceptionnelle et qu'il a toutes les solutions pour elle.

Dans l'axe de la prédation, il dénigre petit à petit toutes les valeurs de sa proie, par son cynisme, ses sarcasmes au nom d'une certaine clairvoyance. Pour lui, le monde, l'individu est mauvais, même si celui-ci est animé de bonnes intentions. Il n'a pas de confiance en l'humain, ce qui se traduit dans son discours négatif. Il déstabilise sa proie pour envahir son psychisme et diriger sa pensée grâce au contrôle coercitif. Son discours autoritaire, exigeant, dur contraint la victime à opter d'elle-même pour le sacrifice de soi. Elle "doit" lui être fidèle, car son salut dépend de lui. Elle "doit" se sacrifier si elle veut avoir le privilège d'être à ses côtés. Elle "doit" faire des efforts sans relâche pour mériter son amour, son attention, sa reconnaissance positive.

Le culte de la discipline de fer vise à l'affaiblir. La manipulation perverse narcissique est une pratique ascétique au nom d'un objectif sublime : priver de sommeil, de nourriture, de toute forme de joie et d'apaisement. La victime est ainsi isolée de son entourage. Celui-ci est dénigré par le pervers narcissique, ou bien manipulé contre la proie. Cette autorité abusive permet au pervers narcissiques d'exercer ses violences psychologiques, verbales, physiques, économiques ou sexuelles au nom de cet objectif sublime.

La relation de domination, soit disant pour éduquer sa proie, est présente chez le pervers narcissique pour anéantir son identité, faire d'elle un objet, comme Galatée, cette statue que la déesse Aphrodite, déesse de l'amour, rend vivante selon le voeu de son créateur, l'artiste Pygmalion. Cette légende grecque est décrite dans "Les métamorphoses" d'Ovide. Le pervers narcissique fait de sa proie un objet à son service. Dans sa manipulation perverse, il lui fait croire que c'est pour son bien, pour son épanouissement. Il fait croire à un amour qui n'existe pas, car il n'est pas capable d'aimer et son intention est destructrice. Il vise à se venger d'une autorité abusive de son passé. Il est prêt à tout pour y arriver, même par la corruption de sa proie. Il peut l'amener à faire des choses qu'elle n'aurait pas fait hors de son emprise, à renier ses valeurs et ses croyances.

Dans l'axe de la manipulation perverse, ce sont des messages paradoxaux qui sont distillés tout au long de la relation. Ils favorisent la manipulation mentale et affective. Par exemple, "Fais-moi confiance, je te mènerai au bout de toi-même, au bout du monde, car ton potentiel est bien plus grand que ce que tu crois", "Tu es un(e) incapable. Tu n'es bon(ne) à rien". L'effet Pygmalion a été décrit par Rosenthal, psychologue américain, dans les années 60, pour décrire la prophétie auto-réalisatrice selon laquelle le jugement d'une personne influence et modifie le comportement d'une autre, en positif. Chez le pervers narcissique, c'est en négatif, puisqu'il vise à anéantir l'identité de l'autre, à exploiter ses ressources jusqu'à son épuisement et son suicide réel ou à petit feu. Tout est calculé depuis le début pour atteindre cet objectif de façon machiavélique.

B. Le distinguer des autres prédateurs

Ce trouble de la personnalité perverse narcissique se distingue du trouble de la personnalité borderline, car l'angoisse de cette dernière est l'angoisse d'abandon. Le contrôle coercitif vise à éviter l'abandon, contrairement au pervers narcissique visant l'anéantissement de l'autre. Le trouble borderline manifeste une capacité à ressentir, notamment une certaine empathie, alors que le pervers narcissique est coupé de son corps et de ses émotions. Le contrôle du pervers narcissique est total, alors que le borderline exprime une impulsivité révélatrice de ses conflits profonds.

Le sujet au trouble narcissique vise à être admiré sans limites, sans machiavélisme, même s'il veut également obtenir le pouvoir, avec une certaine impulsivité. Le sociopathe manifeste également cette impulsivité et ses intentions destructrices sont beaucoup plus visibles que chez le pervers narcissique si séducteur en apparence. Le sociopathe ne prône pas des valeurs, un idéal, un objectif sublime pour manipuler comme le pervers narcissique. Le psychopathe également est impulsif et incapable d'instrumentaliser autrui comme le pervers narcissique. Sa violence apparaît très rapidement face à la frustration. Il ne se pose pas en donneur de leçons et en Sauveur comme le pervers narcissique.

C. Pistes pour se libérer du pervers narcissique

Christine Calonne abordera également lors de sa conférence les pistes pour se libérer de l'emprise. Elle caractérise ces profils dominateurs. Ces pistes sont essentiellement la reconnexion au corps afin de mieux identifier les inductions, les signaux que le pervers narcissique par sa manipulation. Cette identification au niveau du corps permet de sentir à nouveau ce qui est bon pour soi. Aller chercher de ressources en soi ou à l'extérieur de soi est indispensable face à la perte d'identité et de repères. Tant que la victime idéalise l'agresseur et ne repère pas les violences, elle reste manipulable. Ce repérage passe par le corps. Cela permet de déculpabiliser et de renforcer l'estime de soi nécessaire à la prise de distance. La colère qui se réveille face à l'abus est une énergie formidable pour agir dans le sens de ce qui est bon pour soi, plutôt que de se soumettre à une autorité abusive.

L'outil de la psychothérapie EMDR et de la thérapie polyvagale facilite ces démarches pour se libérer de l'emprise. En effet, cet outil facilite la reconnexion au corps en douceur en apprenant la régulation du système nerveux, une nouvelle capacité à s'apaiser, se sécuriser, à accéder à ses ressources. Il réveille la force intérieure pour sortir de l'impuissance apprise au contact du pervers narcissique. Il facilite la confiance en soi perdue suite aux manipulations perverses afin de mieux les décoder et s'en protéger. Il ouvre le coeur de la victime figée, dissociée à cause des abus afin de retrouver la capacité à s'aimer, à prendre soin d'elle, de ses besoins. Dans un second temps, il permet de désensibiliser les traumatismes causés par les violences pour ne pas répéter ce type d'emprise.

D. Contact

Si vous vous sentez concernés par le sujet, vous pouvez lire "Les pervers narcissiques", éd. Ellipses, col. 100 questions/réponses, ou Récits et témoignages. Vous pouvez également participer à la conférence à St Ghislain le 6 juin à 19h pour échanger et partager vos idées, vos témoignages. Il suffit de vous inscrire en allant sur la page FB des Psyplettes. Vous pouvez également contacter Christine Calonne psychologue psychothérapeute à Namur et à Charneux par son formulaire contact.