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Victimes de pervers narcissique : Guérir le traumatisme ou l'art du kintsugi

Le 28 mars 2021
Victimes de pervers narcissique : Guérir le traumatisme ou l'art du kintsugi
L'art du Kintsugi est une métaphore utile pour la guérison des victimes de pervers narcissiques. Comment pratiquer cet art de la résilience ? Mon prochain livre "Victimes de pervers narcissiques : guérir le traumatisme" va bientôt paraître et l'illustrer.

A. Qu'est-ce que l'art du Kintsugi ?

L'art du kintsugi apparut au xve siècle lorsque le shogun Ashikaga Yoshimasa renvoya en Chine un bol de thé chinois endommagé pour le faire réparer. Mais, le bol fut réparé grossièrement, de sorte que les artisans cherchèrent une méthode de réparation plus belle. Cette méthode était inspirée d'une philosophie considérant l'histoire de l'objet, avec ses accidents. L'objet brisé n'était pas jeté, mais sa réparation, avec de la poudre d'or, était le début d'un autre cycle, d'une nouvelle histoire. Les artisans ne cachaient pas les réparations, mais les mettaient en valeur pour les transformer en une belle oeuvre d'art. Cette méthode est une métaphore magnifique des possibilités de guérison existant dans l'inconscient d'une personne victime d'un pervers narcissique. Elle peut accéder à ses capacités de résilience avec cet art du Kintsugi : transformer ses traumatismes avec la compassion pour soi, avec bienveillance et empathie, faire de sa vie et de ses épreuves une nouvelle oeuvre d'art.

B. Comment pratiquer l'art du Kintsugi ?

La première étape est la reconnaissance des violences et des blessures subies dans la relation d'emprise au pervers narcissique. C'est reconnaître les brisures de l'âme, du corps, du coeur et de l'esprit. Sortir du Syndrome de Stockholm vécu dans la relation d'emprise n'est pas facile, car l'idéalisation de l'agresseur, le déni est un mécanisme de protection qui a été bien utile pour survivre à la peur, à la terreur, mais qui ne permet pas de guérir une fois la victime libérée de son agresseur. Reconnaître avec bienveillance et compassion les douleurs émotionnelles, sensorielles est la première étape pour reconstruire son identité brisée. Mais, cette reconnaissance nécessite d'être bien entourée. La victime a besoin d'une personne empathique, bienveillante, aimante, non jugeante qui l'aide à pratiquer cet art, car le pervers narcissique l'a conditionnée à nier sa souffrance, ses émotions, ses désirs, ses besoins, ses limites et ses valeurs. Cette reconnaissance a besoin d'ancrage dans des expériences intérieures et extérieures positives, la poudre d'or.

La deuxième étape est la sécurisation de soi. Où trouver la poudre d'or qui réunifie les morceaux brisés et aide à guérir le traumatisme ? Cette poudre d'or, ce sont les souvenirs positifs, les émotions et sensations agréables associées à eux. Quelles activités satisfaisantes, épanouissantes, quel lieu apaisant, quelle musique ressourçante, quelles relations bienveillantes et aimantes, quels buts positifs donnent envie et sens au présent ? Ils permettent d'ancrer la personne dans un sentiment de sécurité. Se choisir une boîte à images ou à pensées positives peut faciliter ce rappel. Se rappeler le soir 5 images positives de sa journée peut aider la victime à renforcer son sentiment de bien être et de sécurité. Ce sont les ingrédients d'une nouvelle histoire où la joie et le bonheur sont à nouveau ou pour la première fois possibles. 

La troisième étape est le développement de la capacité à se réconforter. Les relations bienveillantes autour de la victime peuvent l'aider à retrouver la capacité à se réconforter en se posant des questions ouvertes et positives : "De quoi as-tu besoin ? comment puis-je te soutenir ?". La victime peut chercher un modèle pour elle de consolation de soi ? Quelle personne dans son entourage sait se consoler, se réconforter ? Elle peut se rappeler quel geste, quelle parole, quel comportement cette personne adopte pour intégrer ce modèle et ressentir les bienfaits de la compassion pour soi. Cette poudre d'or lui permet de s'aimer et d'accepter ce qu'elle est inconditionnellement.

La quatrième étape est la reconstruction progressive de la confiance en l'humain, en soi, en la vie. Ces relations bienveillantes et compatissantes peuvent aider la victime à rétablir en elle la confiance en l'humain, en soi et en la vie, mise à mal par la relation d'emprise au pervers narcissique. Un animal, un symbole, une couleur, une image de nature peut renforcer cette confiance en soi, cette estime de soi à reconstruire.

La cinquième étape est de reconnaître et transformer ensuite cette part de soi qui a intériorisé certains traits de l'agresseur pervers narcissique. Au lieu de la nier, la personne peut reconnaître cette tendance à l'auto-dénigrement, la culpabilisation de soi, ...etc. La victime peut signaler à cette part critique en elle que le danger est passé et qu'il n'est plus nécessaire de pratiquer ainsi pour se protéger. Elle  peut chercher avec elle une autre manière, plus constructive, positive de se protéger et de prendre soin de soi.

La sixième étape est le développement d'une relation bienveillante, douce, positive avec son corps. Souvent, la victime a été dénigrée ou blessée au niveau de son corps. Elle a été conditionnée à ne pas tenir compte des ses messages, perceptibles à travers les douleurs, les émotions, les sensations. La victime peut demander à son corps "Que veux-tu m'apprendre ? Que veux-tu me dire ?". Elle peut choisir des activités agréables qui l'aident à prendre conscience de son corps avec ses sens. Les exercices de pleine conscience favorisent cette relation positive à son corps, en mangeant, en marchant, en observant un paysage, ...etc. En développant cet observateur intérieur, la personne retrouve un contrôle sur sa vie, une meilleure gestion de ses émotions nécessaire pour guérir le traumatisme.

La septième étape est de le questionnement sur ce qui donne sens à sa vie. Quel projet à court, moyen et long terme lui donne envie, la remettrait EN VIE ? Faire une liste de tout ce qui peut lui passer par la tête sans se censurer peut l'aider à visualiser une lumière à l'horizon de sa vie. Les projets, les buts, les objectifs contribuent également à la sécurisation de soi, à l'estime de soi. Donner sens à sa vie est une véritable poudre d'or pour se reconstruire.

La huitième étape est le retraitement du traumatisme avec la psychothérapie EMDR, voie de résilience pour la victime, car elle permet d'accéder à ses ressources inconscientes et de transformer les souvenirs, les pensées, les émotions, les sensations pénibles toujours présentes en images, pensées, sensations et émotions agréables. Ce retraitement permet la guérison du traumatisme au niveau du corps, du coeur et de l'esprit.

La neuvième étape est le travail de deuil par rapport à ce qui a été perdu. Percevoir cette épreuve autrement, comme une épreuve transformatrice, lui donnant accès à de nouveaux possibles peut aider la personne à se reconstruire. Toute expression artistique, toute expression de soi favorise cette transformation. Accueillir la tristesse, la colère avec douceur et bienveillance libère l'énergie nécessaire à cette réunification de soi. Certains rituels facilitent cette étape, comme jeter un objet symbolique, par exemple.

Vous êtes interpellés par l'art du Kintsugi ? Vous souhaitez accroître vos capacités de résilience ? Si vous souhaitez en savoir plus, vous pourrez trouver plus d'informations dans mon prochain livre "Victimes de pervers narcissique : Guérir le traumatisme", dans la collection 100 questions/réponses (éd. Ellipses). Il va paraître bientôt.

C. Contact :

Le centre d'aide aux victimes de Christine Calonne psychologue psychothérapeute belge spécialisée dans l'aide aux victimes, peut répondre à vos questions. Elle peut vous recevoir à Namur ou à Charneux. Vous pouvez la joindre à ce numéro : +32 42 90 58 14.