Le pervers narcissique présente une personnalité pathologique au sens où son comportement est déshumanisé. Cette personne s'est dissociée de son corps, de sa souffrance, de ses émotions et elle impose son mode de fonctionnement aux autres.
Sa proie doit nier ses émotions, sa souffrance, ses besoins sans quoi elle s'expose à la violence psychologique et verbale de son agresseur.
L'attitude du pervers narcissique ressemble à celle d'un gourou de secte, puisqu'il endoctrine ses adeptes selon le discours : "Pour survivre dans ce monde, il faut être dur, insensible, fort et paraître parfait". Cette apparence parfaite permet au pervers narcissique de séduire son entourage, par les attributs du pouvoir et par un semblant de sympathie.
Il manipule constamment l'entourage pour le monter contre sa proie et l'isoler. Il se victimise notamment. Il se fait passer pour la victime de sa proie, car il projette sur elle ses caractéristiques : manipulatrice, perverse, folle, méchante, violente, ...etc.
Cette victimisation réussit souvent très bien grâce aux talents de comédien du pervers narcissique. Il sait même mimer les émotions, envahir le psychisme de sa proie pour en adopter le langage, les expressions caractéristiques, les mimiques, les centres d'intérêts, ...
Mais, cette manipulation est dépourvue de tout ressenti, de toute authenticité. Le pervers narcissique ne souffre pas. Il fait souffrir pour ne pas souffrir. Cette distinction subtile passe souvent inaperçue et permet à celui-ci de jouer à la victime souvent avec succès devant les tribunaux, les psychologues, les intervenants sociaux, les services d'aide à la jeunesse mêlés aux problèmes avec les enfants, ...
D'autre part, dans notre société, une personne qui présente bien, a plus de chance d'être écoutée, d'attirer l'attention et la sympathie qu'une autre personne. La proie du pervers narcissique est souvent stressée, débordée par ses émotions, mise à bout, en colère inappropriée par moment, déprimée, sans élan vital, éteinte, ...
Ou bien, son organisme a atteint un tel niveau de stress qu'il s'est dissocié de la souffrance et la personne paraît indifférente, figée. Dans tous les cas, elle n'attire pas la sympathie. L'entourage accorde plus facilement du crédit au pervers narcissique pour toutes ces raisons.
Pourtant, la proie du pervers narcissique vit un stress post-traumatique consécutif à toutes les violences subies, psychologiques, verbales, sexuelles, économiques ou physiques.
La psycho-traumatologie reconnaît le vécu de la victime. C'est une atteinte à l'intégrité et à la dignité de la personne. Cette atteinte laisse des séquelles psychologiques, physiques, relationnels, comportementaux, financiers.
Le stress post-traumatique est consécutif au stress chronique vécu de l'emprise, l'angoisse de mort imminente face à la perception de la volonté consciente du pervers narcissique de détruire l'identité de sa proie.
Reconnaître que l'on a été victime, ce n'est pas se victimiser. C'est le premier pas vers la libération de l'emprise.
Les victimes, très souvent, ne reconnaissent pas la violence, car elles ont des antécédents traumatiques.
Elles disposent d'une empathie et d'une générosité souvent mal orientée, car les prédateurs humains en profitent pour exploiter leurs ressources.
Elles ont pu vivre des traumatismes dans leur passé, toute menace de mort imminente qui les a amenées à se dissocier de leur vécu pour survivre. C'est le cas d'un climat familial violent, stressant durant la grossesse de leur mère, un vécu périnatal douloureux comme une prématurité, une opération, une maladie, ou bien des violences dans la petite enfance, comme la mise sous terreur, des négligences, un abandon psychologique ou physique, un rejet psychologique, ...
De ce fait, elles acceptent des comportements inacceptables sans s'en rendre compte. Elles sont figées, dissociées de leur corps. Le syndrome de Stockholm renforce cet état, car la perception de la volonté du pervers narcissique de tuer l'identité de sa proie favorise l'identification partielle à l'agresseur : l'excuser, le défendre, imiter certains de ses comportements, ...
La proie est d'autant plus détruite que ces violences sont récurrentes. Elle s'affaiblit, s'épuise et se déprime.
Elle est devenue dépendante. Elle n'a plus les ressources psychologiques et souvent matérielles pour se libérer.
Par contre, dans les relations sans malveillance, on peut observer des jeux de pouvoir où l'un domine et l'autre accepte de se laisser dominer, sans malveillance, sans désir conscient de détruire. La compréhension de ce jeu à deux est envisageable, parce qu'il y a possibilité de dialogue, de remise en question et négociation.
Ici, ce n'est pas le cas. En médiation, un pervers narcissique refuse le dialogue et la négociation, puisqu'il fonctionne dans la toute-puissance narcissique. Il se victimise et séduit par le paraître.
Comprendre la différence entre se victimiser et être victime permet de déculpabiliser, car la proie du pervers narcissique a été culpabilisée et dévalorisée pour tout et pour rien.
En reconnaissant le mal qui lui a été fait et qu'elle ne méritait pas, elle prend du recul, récupère son esprit critique, se reconnecte à ses sensations et à ses émotions.
L'énergie de la colère l'aide à restaurer son estime de soi, sa confiance en soi et ses capacités à reprendre son autonomie.
Elle peut recourir à des aides spécialisées dans le traitement des traumatismes et des victimes, consulter un médecin, un nutritionniste, un psychologue, un avocat, ...
Elle se reconnecte à ses ressources internes et envisage de se libérer de l'emprise, car elle comprend que le dialogue, la négociation est impossible. Le pervers narcissique ne veut pas prendre la responsabilité de ressentir ce qu'il vit intérieurement, puisqu'il a fait le choix de nier tout conflit, toute émotion, toute souffrance afin de conquérir toujours plus de pouvoir sur autrui.
C'est souvent la goutte d'eau qui fait déborder le vase et qui incite à chercher un soulagement à la douleur, une compréhension de ce piège où elle se trouve enfermée. Par exemple, être témoin de violences faites aux enfants.