Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Trouble de l'attachement évitant et vide intérieur : se libérer de la dissociation

Trouble de l'attachement évitant et vide intérieur : se libérer de la dissociation

Le 02 juillet 2023
Trouble de l'attachement évitant et vide intérieur : se libérer de la dissociation
Le trouble de l'attachement évitant se traduit à l'âge adulte par des défenses de survie et un vide intérieur. C'est la conséquence d'une dissociation traumatique dans l'enfance. La psychothérapie développe le dialogue avec les parties du moi en survie.

A. Le trouble de l'attachement évitant

Aude a développé un trouble de l'attachement évitant suite à une relation insécurisante avec sa mère depuis la petite enfance. Aude la décrit comme une personne autoritaire, très contrôlante, sans contact affectif, incapable de réconforter, de rassurer. Sa mère était coupée de ses émotions. Elle avait un comportement égocentrique. Elle dévalorisait Aude, surtout si elle exprimait des émotions. Elle a dû surveiller sa mère qui trompait son mari afin que celui-ci ne découvre pas cette trahison. Aude a développé ainsi de l'hypervigilance, de l'hyperactivité, une dissociation de son corps, un contrôle important d'elle-même. Cette dissociation a provoqué un sentiment de vide intérieur, de solitude une difficulté à se sentir proche d'autrui, à garder des amis. Aude ressentait une anxiété sociale, associée à une auto-critique constante. Elle souffrait de ruminations anxieuses, malgré un comportement de fonceuse et de guerrière. Cela se manifestait par des attitudes agressives, des crises de colère et de l'impulsivité face à la critique, à la frustration ou au manque de respect. Elle avait du mal à se concentrer, car ses peurs de l'erreur et d'être incapable étaient réactivées à chaque rencontre sociale. Elle avait peur d'être dévoilée et perçue inintéressante. La manipulation et la dévalorisation de la part de sa mère avaient favorisé cette attitude protectrice. Elle pouvait alors se figer par peur d'une critique éventuelle. Sa relation avec son mari l'a aidée à s'apaiser, car celui-ci lui manifestait de l'amour, de l'attention. Stable, sécurisant, il l'a aidée à se stabiliser.

L'histoire de Aude démontre que le trouble de l'attachement évitant se développe dans une relation à un parent distant, dur, peu impliqué dans la relation à son enfant. Celui-ci ressent le sentiment qu'il dérange. L'enfant craint de ressentir et d'exprimer ses émotions, ses besoins et ses désirs. S'il le fait, l'enfant apprend que cela fâche son parent, ou bien il ignore ce que l'enfant exprime. L'enfant choisit ainsi de se débrouiller seul. Petit à petit, il nie ses émotions, ses besoins et ses désirs, ainsi que ceux des autres. Il se dissocie de son corps. Il craint d'être perçu vide, nul, inintéressant. Il veut être totalement indépendant, mais il survit avec un sentiment de solitude intérieure, d'insécurité, une colère profonde expulsée souvent sur les autres de façon inappropriée. L'enfant choisit d'éviter l'intimité. Il cherche des outils pour renforcer son indépendance excessive et pour ne rien exprimer comme besoin, ne rien demander. Il craint d'être envahi par les demandes et les besoins des autres. 

B. Le vide intérieur

Aude a souffert d'un vide intérieur, car elle a dû se dissocier de son corps pour survivre à l'emprise et à la dévalorisation de sa mère à son égard. Elle devait se munir constamment d'une armure pour ne pas risquer que les autres perçoivent son vide intérieur. Sa mère a détruit en Aude le sentiment d'être vivante et authentique, car elle dévalorisait toute manifestation de spontanéité. La colère, la peur que la petite fille a ressenti face à cette destruction de son identité, Aude a dû la nier, mais cela a engendré en elle un sentiment de mort interne. Son corps s'est contracté dans l'hypervigilance, avec une hyperréactivité émotionnelle, une difficulté à réguler ses émotions, le symptôme des jambes sans repos. L'évitement social était la conséquence de ce vide intérieur. Ambivalente, elle évitait la proximité, mais elle ressentait en même temps la peur de l'abandon. Elle voulait être vue, mais elle craignait d'être perçue intéressante et vide. Elle voulait reconnaître ses besoins, mais elle avait appris à nier ceux-ci sous l'emprise de sa mère. Ce vide intérieur la rendait dépendante de son mari pour sa sécurité et sa stabilité. La partie de son moi en appel à l'aide s'accrochait à son mari pour survivre. L'isolement social la protégeait de ses peurs, mais la maintenait dans cet état.

C. Se libérer de la dissociation traumatique

Aude a pris conscience du lien entre son sentiment de vide intérieur, sa peur d'être perçue inintéressante et son trouble de l'attachement évitant; elle a compris que la relation d'emprise de sa mère envers elle l'avait enfermée dans ses traumatismes passés. La dissociation l'avait aidée à survivre étant enfant, mais ensuite, Aude a souffert de ses conséquences néfastes au niveau relationnel, psychologique, physique et émotionnel. Son moi s'est divisé en parties dissociatives : le figement, le combat, l'appel à l'aide, la fuite et la soumission.

Sa démarche en psychothérapie avec l'approche du coaching par la théorie polyvagale l'a aidée à trouver des ressources pour se libérer de la dissociation. Elle a trouvé des exercices d'ancrage pour se sécuriser grâce au yoga, au contact de la terre dans son jardin, par exemple. Ces stimuli neutres ont progressivement augmenté sa présence à elle-même et au monde. L'ancrage dans la sécurité du lien avec son corps, la réflexion sur son parcours de vie l'a aidée à réduire son impulsivité et ses réactions de figement.

Aude a confectionné un jeu de cartes (ressource créative) associant chaque partie défensive de son moi à un exercice de yoga pour l'aider à s'apaiser.

Par exemple, elle a associé la partie dépendante "Aimez-moi" à un exercice d'ouverture des bras vers le monde "Je suis de toute façon reliée. Respire et ouvre-toi !".

La peur d’être vue à l’intérieur, liée à une mauvaise estime de soi, dans la partie figée, elle lui répondait "Je suis un maillon de la chaîne, au même titre que les autres". A sa pensée "La vie ne vaut rien !", elle répondait "Rien ne vaut la vie !", avec une posture de yoga associée.

Le sentiment de honte de sa partie soumise, elle l'apaisait avec la pensée "Et de quoi ? T peux relever la tête !".

Elle pouvait ainsi plus aisément dialoguer avec les parties de son moi en état de survie. Elle a appris à développer de la compassion et de la bienveillance pour la petite Aude en elle, figée dans ses peurs. Elle a pu collaborer avec la partie guerrière de son moi, méfiante, voulant la protéger du regard des autres par son agressivité. Elle a augmenté la conscience de ses parties traumatisées et son dialogue avec elles afin de rétablir progressivement son unité intérieure.

D. Contact

Christine Calonne reçoit à Charneux et à Namur en Belgique ou par visio. Vous pouvez la contacter au +32 42 90 58 14 ou sur son formulaire contact.