La peur est souvent vue comme une émotion "négative", au même titre que la tristesse et la colère. Si nous sommes figés dans la peur, elle peut, en effet, nous paralyser et nous empêcher de prendre conscience de ce qui nous arrive, de trouver toutes les solutions possibles pour en faire un vecteur de transformation. Elle peut réduire nos défenses immunitaires, la prise de responsabilité de notre vie.
Cependant, en nous autorisant à identifier, ressentir et transformer notre peur, celle-ci peut devenir un puissant moteur d'évolution en conscience et en action. Cultiver l'amour, la bienveillance et la gratitude nous donne accès à ce chemin d'évolution.
Les émotions font partie de nous. C'est une puissante énergie qui peut nous mobiliser psychologiquement et physiquement pour prendre conscience de nous, agir et aller de l'avant. Les nier, c'est nous nier nous-même. Ce déni est souvent la conséquence d'expériences passées où nous n'avons pas été reconnus, accompagnés, soutenus dans l'expression de nos émotions. le déni psychologique consiste à considérer que l'émotion n'existe pas. Le déni physique se présente sous forme de blocage, de figement, d'anesthésie corporelle. Cela a pu être accompagné de paroles énonçant des croyances limitantes par rapport aux émotions : "Sois fort", "Sois gentil", "Fais des efforts", "Sois parfait". Ce sont des croyances propres à notre culture patriarcale où il faut se dominer et dominer.
Mais, cela ne nous aide pas à rester en lien avec nous-même, avec les autres, à être nous-même et à nous accomplir. Or, c'est grâce au lien avec nous-même que nous pouvons être à l'écoute de notre intuition, de nos besoins et de nos désirs. C'est grâce à la reconnaissance positive de nos émotions, de nos besoins et de nos désirs que nous pouvons mettre des limites aux autres si nous ne nous sentons pas respectés. nous pouvons ainsi transformer la peur.
Il est donc vital de nous autoriser à reconnaître, accueillir et exprimer nos émotions. Les émotions peuvent nous aider à prendre conscience des conflits intérieurs qui nous empêchent d'être nous-même. C'est la condition pour nous affirmer, mettre nos limites, percevoir ce qui est bon pour nous. Remettre en question ces croyances limitantes et résoudre ces conflits intérieurs nous permet d'aller de l'avant, d'évoluer en conscience et de trouver des solutions. C'est le moyen de mobiliser notre énergie pour la consacrer à retrouver notre intégrité psychologique et physique. Nous pouvons ainsi améliorer notre santé psychique et physique.
Les émotions fondamentales sont la colère, la joie, la peur, la tristesse. On peut y ajouter le dégoût, la surprise. Elles s'expriment dans notre corps comme une puissante énergie de vie. Reconnaître cette vague de vie, l'accueillir quand elle arrive, peut nous aider à la traverser. La peur d'en mourir peut nous bloquer.
Cette peur peut être le résultat d'expériences passées où étant petits, nous avons été laissés seuls avec elle. Cette part de nous a été mise au placard, avec le mécanisme du déni. Notre corps s'est figé, nous empêchant de reconnaître plus tard nos émotions.
Il n'est pas trop tard pour changer. Aujourd'hui, l'adulte en nous pour identifier la part de nous qui a peur, qui se fige, qui est sidérée, anesthésiée. C'est l'enfant intérieur en nous qui est insécurisé. Il y a en tout individu adulte une part enfant, restée bloquée par des expériences passées de peur. Prendre du temps pour aller à la rencontre de cette part de nous, nécessite de choisir un moment de calme, un endroit propice pour ne pas être dérangés. Laisser notre esprit se concentrer sur l'appui du corps, la respiration aide à s'intérioriser. Une musique relaxante peut nous accompagner dans ce voyage intérieur. Nous prenons conscience de tout notre corps. Nous sentons l'ancrage de notre corps dans le présent : le contact avec le sol, le fauteuil, les formes, les couleurs, les bruits, les odeurs. Nous pouvons ressentir la sécurité. Nous observons notre respiration. Nous identifions ce qui est là. Nous pouvons imaginer un lieu où nous sentir en paix, en sécurité. Nous pouvons nous y ancrer. Puis, nous pouvons imaginer cette part enfant en nous, la laisser venir à notre rencontre et aller à sa rencontre. Nous identifions ses émotions, ses besoins, ses désirs. Nous les accueillons.
Parfois, l'adulte en nous n'est pas plus rassuré que l'enfant. Nous pouvons laisser venir à nous une idée, une image qui représente pour nous la sécurité, la paix. Nous laissons cela transformer le vécu de l'enfant et de l'adulte en nous. Par exemple, un patient s'aperçut avec l'exercice en hypnose éricksonienne que l'adulte en lui n'était pas plus sécurisé que l'enfant lorsqu'il l'imaginait s'approcher au beau milieu de prairies fleuries, de collines verdoyantes. Il demanda à son inconscient de transformer sa peur et un beau cheval vint à leur rencontre, puissant, réconfortant. Il lui rappelait un souvenir d'enfance où il s'apaisait durant des promenades à cheval. Il aimait le cheval et le cheval l'aimait. L'adulte en lui en fut apaisé et aida l'enfant à grimper sur le dos du cheval. Celui-ci les entraina dans une belle promenade à travers les prairies fleuries. La puissance réconfortante, l'amour du cheval les avaient tous les deux rassurés. Le cheval avait permis leur réconciliation dans un moment de bonheur. Ils ont pu transformer la peur en joie. L'amour inconditionnel s'était installé entre eux grâce aux ressources de son inconscient. La gratitude pour cette belle rencontre avec le cheval lui permit de poser sa main sur son coeur et de se sentir heureux, en sécurité, apaisé. Il put se donner la légitimité d'être lui.
Cet amour inconditionnel permet de transformer les moments de difficultés, de déstabilisation en occasion d'évolution intérieure et d'action pour aller de l'avant.
Cette bienveillance envers soi se développe par la reconnaissance et l'amour pour cette part de nous, appelée l'enfant intérieur. Son innocence, son insouciance, sa capacité à vivre dans la plénitude l'instant présent, nous permet de nous ancrer et de trouver plus sereinement les solutions à nos difficultés.
L'amour, la bienveillance et la gratitude sont des clés pour faire face à des situations relationnelles. Nous restons ancrés et calmes. Nous pouvons gérer les conflits en restant humains. Notre capacité à rester humains dépend largement de ces qualités cultivées en nous. Lorsque les circonstances extérieures sont déshumanisantes, il est essentiel de préserver cette part de nous qui reste humaine, cultiver la bienveillance, l'amour et la gratitude pour ces ressources intérieures ou extérieures qui nous invitent à vivre le bonheur. Cette bienveillance nous aide à rester en bonne santé par l'ancrage, le calme intérieur. Nous mobilisons notre énergie pour notre santé psychique et physique, plutôt que de dépendre de solutions extérieures qui nous assujettissent.
Pour en prendre pleinement conscience, nous pouvons noter dans un cahier de gratitude, chaque jour, au moins trois choses positives : un ressenti agréable, une émotion agréable, une rencontre positive, une réussite, des paroles positives entendues sur nous-même, ou à propos de quelque chose d'important pour nous. Relire ces notes régulièrement peut soutenir la reconnaissance positive de soi et la confiance en soi. Apprendre à ressentir le sentiment de gratitude donne accès au sentiment du bonheur.