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Solutions pour se libérer de l'abus narcissique : se reconnecter à son vrai self

Le 15 août 2022
Solutions pour se libérer de l'abus narcissique : se reconnecter à son vrai self
Quelles solutions trouver face à l'abus narcissique ? Se relier au vrai self à travers ses sensations, émotions, besoins et valeurs, identifier la dissonance cognitive, le syndrome de Stockholm, réguler son stress et développer un dialogue interne.

Christine Calonne, psychologue psychothérapeute, propose des solutions aux victimes d’abus narcissiques, comme ceux vécus face à la perversion narcissique d'un prédateur humain. Identifier la dissonance cognitive face aux preuves de l’abus permet à la victime de prendre du recul et de sortir du déni. Le recours à des personnes soutenantes, bienveillantes, à l’apprentissage de la régulation du stress, favorise la sortie du déni.

La compréhension du syndrome de Stockholm et des effets du stress sur le corps y contribue. La victime peut apprendre à dialoguer avec elle-même et à se libérer des failles narcissiques de son enfance. Ce sont ces failles que l’abuseur narcissique a utilisées pour la dominer et la détruire. La victime peut ensuite redéfinir ce qui est important pour elle, ses besoins, ses valeurs, afin de poser ses limites et dire "non". Elle peut ainsi se reconnecter à son vrai self et reconstruit son identité. Elle peut redonner un sens à sa vie grâce à cette estime de soi retrouvée. Couper les liens avec l’agresseur est nécessaire pour échapper à l’emprise psychologique.

A. Identifier la dissonance cognitive face à l'abus

Faire la liste des faits, mettre par écrit l'historique des abus et les confronter à la mauvaise perception de l'abus narcissique peut aider la victime à faire un pas vers la libération de l'emprise psychologique.

Cette mauvaise perception est due au syndrome de Stockholm. Ce syndrome nous indique que la personne est sous emprise, isolée physiquement ou psychologiquement, à la fois par son agresseur, mais aussi par elle-même, car elle est conditionnée à percevoir le monde extérieur comme mauvais. Insécurisée par cette perception du monde, elle n'a plus comme référence que le discours de l'abuseur narcissique. C'est un processus d'idéalisation réciproque, de sympathie qui est lié à l'isolement et à la perception d'un danger. Une fois sous emprise, la victime croit, sans recul possible, ce qui est dit et adopte un faux self. Elle est ensuite encore plus insécurisée par les violences psychologiques, verbales ou physiques présentes durant l'emprise. Isolée, elle ne voit plus en son agresseur que sa seule bouée de sauvetage, car elle perd de plus en plus son estime d'elle, sa confiance en elle, sa capacité à réfléchir et à prendre du recul. Elle est dépouillée de ses ressources et se culpabilise d'en arriver là, car elle est culpabilisée par son agresseur.

Une fois qu'elle n'est plus sous emprise, elle peut percevoir que les faits ne correspondent pas au discours mensonger de l'abuseur. Ce discours mensonger lui apparaît, car elle n'est plus soumise aux messages paradoxaux, contradictoires qui la rendaient confuse.

Cette perception peut créer une dissonance cognitive en elle et le déni peut être une façon de se protéger, car elle n'a pas reconnu les violences à cause de ses traumatismes passés ou à de la menace d'effondrement psychologique en percevant qu'elle a été abusée.

Sortir du déni est possible après avoir pris du recul grâce à l'observation des faits, au soutien de personnes bienveillantes, empathiques et grâce à la régulation de son stress. Elle n'est pas toute seule. Elle est entendue, comprise et revalorisée. Elle peut trouver des solutions pour se libérer de l'emprise.

B. Identifier le stress résultant de l'abus 

Ce stress est consécutif aux agressions psychologiques. L'amygdale, bombardée par les agressions, a déclenché des réactions de stress, diffusant dans le corps beaucoup d'adrénaline pour se mobiliser à fuir ou à combattre, du cortisol favorisant l'immobilisation. Le cerveau reptilien déclenche des comportements de survie correspondant à ces trois attitudes. Dans le combat et la fuite, le stress apparaît par des sueurs, des tensions, de la chaleur excessive, une hyperactivité mentale ou physique, une hypervigilance, une respiration saccadée. Elle s'associe à des émotions de colère, de dégoût, dans le combat, ou un évitement du conflit ou de ses sensations, émotions et besoins dans la fuite.

Dans l'état de figement, le stress se traduit par de la lourdeur, des difficultés de concentration, de mémoire, une boule à la gorge ou au ventre, l'absence d'énergie, des douleurs chroniques, une respiration très faible, des sensations de froid, voire une dépression, un burnout. La victime peut se couper de son corps (dépersonnalisation). Dans le figement, la coupure du corps, la victime développe une impuissance apprise. Elle se sent sans espoir, triste, honteuse et coupable. Elle subit et se replie. Elle a du mal à créer des liens. Le terrorisme psychologique de l'abuseur narcissique contribue à enfermer la victime dans un faux-self, des comportements de suradaptation pour survivre : "marcher sur des oeufs", sympathiser, faire plaisir, protéger l'agresseur, l'imiter. Elle s'éteint face à violences et à la manipulation utilisés en alternance dans l'abus narcissique pour détruire l'identité, le vrai self.

C. Réguler ses émotions pour se libérer de l'abus

La cohérence cardiaque peut aider la victime à retrouver un état de sécurité interne, disparu face aux comportements violents de l'abuseur. Cet exercice l'aide en ralentissant l'expiration et en apaisant le corps (4"à l'inspire, 6''à l'expire pendant 5 minutes).

Elle peut associer cette respiration à des images, des sensations ou des pensées positives pour elle. Il peut s'agir de l'image d'une personne, d'un lieu, d'une activité, ...etc. 

Elle retrouve alors des capacités de réflexion, d'esprit critique, un reconnexion à son vrai self (sensations et émotions agréables, pensées positives, lien avec soi et avec l'autre). Les ressources peuvent être externes, comme le recours à des personnes bienveillantes et empathiques, modèles d'estime de soi et d'affirmation de soi. Les ressources de la nature, les ressources spirituelles, émotionnelles, créatives ou matérielles peuvent contribuer à réguler son stress.

D. Le dialogue avec soi et son vrai self

La victime peut identifier quel est l'attitude interne qui domine (combattre, fuir et se figer, les 3 mécanismes de survie). Elle peut s'adresse à cet aspect d'elle-même afin de changer de point de vue sur elle-même. La partie combative, par exemple, peut exprimer certains traits de l'abuseur narcissique. La personne se dévalorise, se culpabilise à l'excès. Il est essentiel de retrouver confiance en soi, estime de soi pour se libérer de l'emprise.

L'agresseur a pu repérer des failles narcissiques chez la victime, liées à des messages d'autorité de son passé. Il peut s'en servir pour la manipuler, l'exploiter et la détruire. Par exemple, il peut repérer le message "Sois parfait" et l'utiliser à son profit. La personne peut identifier ce message et dialoguer avec la partie combative, intériorisant l'agresseur et le message d'autorité du passé. Elle prend ainsi distance par rapport aux figures d'autorité de son passé et sa loyauté envers elles. Elle trouve le courage avec ses ressources renforcées d'être elle-même et non plus l'enfant dépendant d'une autorité qui a pu dans le passé l'utiliser parfois pour satisfaire ses besoins narcissiques à son détriment. L'Adulte en elle peut aujourd'hui prendre soin de ses besoins, définir ses propres croyances et valeurs. 

Elle peut se rappeler que combattre n'est plus nécessaire et qu'elle peut se protéger autrement, s'autoriser l'imperfection, se donner le droit à l'erreur et avancer plus tranquillement en préservant son énergie. En effet, le combat peut la conduire à l'épuisement. Elle apprend à lâcher-prise et à se sécuriser dans le repos, une activité apaisante. Elle peut se donner un modèle auquel elle a envie de ressembler sur ce point.

Se rendre des droits humains est essentiel quand on a été victime d'abus narcissique, car l'agresseur prive la victime de se droits pour la dominer et détruire son vrai self. Etre légitime dans l'affirmation de ses droits aide la victime à se réapproprier sa vie.

E. Définir ce qui est important pour soi 

La victime peut se poser des questions sur ses émotions et ainsi identifier ses besoins frustrés. En repérant ses sensations, ses émotions et ses besoins, elle trouve des solutions à son vécu de vide et d'impuissance, car elle peut se reconnecter à son vrai self. Par exemple, si elle est en colère, c'est peut-être lié au besoin de justice, frustré par l'agresseur. Si elle est triste, c'est peut-être lié à l'absence de reconnaissance, puisque l'agresseur ne reconnaît pas les sentiments et les besoins de l'autre.

Elle identifie ses limites et prendre soin de son besoin, le satisfaire. Elle se rappelle les valeurs qu'elle avait avant l'abus et s'autorise à les prendre en considération pour donner un sens à sa vie. Etre légitimée dans ses valeurs humaines et surtout morales lui permet de renforcer son vrai self.

F. Poser des limites à l'abuseur narcissique

En définissant ses émotions, ses besoins, ses limites et ses valeurs, la victime s'accroche à ce qui est important pour elle, son vrai self. Elle respecte ses limites psychologiques et physiques afin de se protéger de l'abus, grâce à un "non" ferme, sans justifications.

Rester dans le flou, en dire le moins possible sur soi avec un abuseur narcissique aide à se protéger.

Se poser des limites est important quand on a subi de la maltraitance de la part d'un abuseur narcissique, car on a intériorisé certains traits de l'agresseur (syndrome de Stockholm). 

G. Couper le lien pour se libérer de l'abus

Eviter les discussions stériles est important pour couper court au harcèlement de l'abuseur narcissique après l'emprise.

Ce harcèlement moral fait partie du terrorisme psychologique dont il fait preuve. On peut demander l'aide de quelqu'un pour lire les emails, sinon bloquer les numéros de téléphone peut fortement alléger la victime du vécu de l'abus.

H. En savoir plus sur la perversion narcissique 

Christine Calonne a publié "Les victimes de pervers narcissiques, guérir le traumatisme", dans la collection récits et témoignages, aux Editions Ellipses, en avril 2022, afin de donner des solutions aux victimes pour se reconstruire et se reconnecter à leur vrai self.

I. Contact

Christine Calonne peut vous aider si vous vous sentez concernés par ces solutions et ces situations. Elle reçoit à Namur et à Charneux, en visio-conférence également, comme psychologue et psychothérapeute :+32 42 90 58 14.