Christine Calonne, psychologue psychothérapeute, vous propose une réflexion sur la relation entre l'Adulte et l'Enfant en nous afin de favoriser leur réconciliation, un apaisement et une plus grande confiance en soi. Elle permet de s'aimer avec ses forces et ses fragilités.Cette réconciliation aide à trouver les meilleurs solutions aux problèmes de notre vie. L'histoire de Jean et de sa rencontre avec lui-même l'illustre.
La partie Adulte du moi est celle qui observe, analyse, anticipe et prend du recul. Elle peut réguler les émotions. Elle correspond à la partie pré-frontale de notre cerveau. L’Adulte est capable de percevoir le ressenti du corps et d’analyser les problèmes afin de trouver des solutions. C’est une conscience de soi, dans l’instant présent. Cette conscience peut aider à mieux accueillir et comprendre ses émotions, ses besoins et ses désirs. Cette compréhension favorise la cherche des solutions les meilleures pour soi.
L'Adulte nous permet de percevoir les ressources à trouver pour créer un état de confiance, pour s'aimer et aimer. Cet état est installé par la mobilisation du système nerveux parasympathique ventral. Celui-ci, par l'activation du nerf vague, donne accès à un état de bien-être, de calme et d’apaisement. Dans cet état, nous manifestons de la compassion, de l'empathie. Nous éprouvons de la joie, des sensations de légèreté et des vibrations agréables. Nous nous sentons en vie. Cela engendre des pensées positives, une acceptation de soi et une capacité à nous donner les forces nécessaires pour nous engager dans nos projets, dans nos relations.
Notre moi Adulte peut prendre soin ainsi des besoins de la partie Enfant en nous, cette partie qui est liée à nos émotions, à nos besoins, à nos désirs et à nos rêves.
Nous pouvons remarquer, en effet, que nos comportements, à l’âge adulte, peuvent parfois correspondre à ceux d’un enfant. Par exemple, adopter le ton de voix apeuré d’un enfant face à notre patron ou face à notre partenaire, en cas de conflit, vouloir se réconforter avec des bonbons, faire une crise de colère comme un petit enfant qui casse son jouet, ou encore être dépendant, comme un petit enfant, de son conjoint en le suivant partout, ou en satisfaisant tous ses désirs.
L'Enfant intérieur peut être blessé par des expériences passées, le plus souvent dans l'enfance. Les émotions pénibles que nous avons éprouvées n'ont peut-être pas été reconnues par notre entourage ou par nous-mêmes. Nous avons dû nier, enfermer notre ressenti dans une partie de nous pour survivre, grâce à l'activation de notre cerveau reptilien. Il nous a fait adopter des comportements de survie pour ne pas laisser cet Enfant intérieur s'exprimer, car il était impuissant, sans ressources dans ces moments d'insécurité.
Se recentre sur soi et prendre soin de soi peut faire peur si nous mobilisons ces parties de nous qui nous protègent d'émotions pénibles. Nous combattons ce qui nous vient à l’esprit ou ce que nous ressentons et qui peut représenter pour nous des fragilités. Nous mobilisons ainsi le système nerveux orthosympathique. Nous pouvons nous infliger pour y arriver des auto-critiques, des jugements négatifs sur nous-mêmes ou sur le monde. Nous sommes très actifs mentalement ou physiquement pour nous protéger de ce qui nous fait peur. Mais, de cette façon, nous nous épuisons. Nous agissons en étant poussés par des pensées du type "je dois" ou "il faut", une obligation de ne pas lâcher, une volonté de ne pas se laisser faire. Nous réagissons avec colère, dégoût ou irritabilité. Ou bien, nous fuyons ces peurs par des addictions, des comportements d'évitement. Nous nous centrons sur les autres et sur leurs besoins en nous oubliant. Nous mobilisons alors le système nerveux orthosympathique de fuite. Nous pouvons nous mentir à nous-mêmes pour ne pas tenir compte de nos besoins et de nos émotions. Parfois, nous nous paralysons, dans un état de figement, impuissants. Nos pensées sont empreintes de dévalorisation de soi, avec de la honte, de la culpabilité, de la tristesse. Nous nous isolons et procrastinons, en renonçant. Dans ce cas, c'est le système nerveux parasympathique dorsal qui nous immobilise. Ce sont des mécanismes de défense contre la partie Enfant, nos émotions pénibles et nos besoins frustrés.
Prendre soin de l'Enfant, c'est chercher à nous sécuriser dans le présent par différentes ressources, internes ou externes. Par exemple, l’exercice de cohérence cardiaque aide à respirer plus profondément et à expirer plus longuement afin de calmer les fonctions vitales (compter jusque 4 en inspirant et jusque 6 en expirant pour vider l’air des poumons et reprendre un air sain, vivifiant, régénérant). Ou bien, nous pouvons activer le nerf vague, innervant le système parasympathique ventral, par toute activité qui nous fait plaisir et nous détend. Nous pouvons aussi activer le nerf vague par des rencontres bienveillantes, réconfortes et apaisantes. Toutes ces ressources renforcent l'Adulte et activent le système parasympathique ventral. Nous pouvons retrouver une sécurité physiologique nécessaire pour traverser les stress de la vie autrement, accueillir nos résistances, nos émotions et les transformer grâce à cet état ventral.
Il nous permet de dialoguer avec les parties de nous-mêmes qui bloquent l'accès au ressenti de l'Enfant intérieur, les comportements de fuite, de combat ou de figement. Nous pouvons, dans cet état de confiance, dialoguer avec ces parties de soi afin d'identifier les peurs qu'elles nient. En les remerciant d'avoir voulu nous aider, nous pouvons leur expliquer que leurs comportements ne sont pas constructifs aujourd'hui et que notre expérience avec l'Adulte et ses ressources peut les aider à mieux nous protéger. Ces parties de nous peuvent ainsi coopérer avec l'Adulte pour prendre soin des ressentis et des besoins de l'Enfant.
Cet accueil de nos ressentis peut nous aider à prendre soin de nos besoins et à trouver les meilleurs solutions pour les satisfaire. Dans cet état de confiance, nous sommes davantage capables de nous poser les bonnes questions, positives et ouvertes, pour aller chercher les ressources existantes en nous ou à l’extérieur.
Avec l’activation du nerf vague ventral, nous sommes suffisamment en sécurité pour aller à la rencontre de cet Enfant intérieur. Nous pouvons le représenter par une photo à différents âges, ou bien par un objet. Nous pouvons entamer un dialogue en confiance avec cet Enfant que nous avons mis pendant parfois longtemps de côté pour survivre, mais qui se rappelle à nous par nos douleurs, nos tensions, nos difficultés à relationnelles et psychologiques.
L’exercice du regard aimant, « loving Eyes » (Jim Knipe), pratiqué en psychothérapie EMDR, peut renforcer les capacités à s'aimer, avec de la compassion pour soi afin de prendre soin de l'Enfant intérieur.
Jean tente avec moi l'exercice, mais il me dit qu'il ne se sent pas capable de parler à son Enfant intérieur. Lorsque je lui demande ce que cela lui apporte de ne pas lui parler, il prend conscience que cela l'a protégé dans son enfance face à ses parents, sans écoute pour son ressenti et ses émotions. Il a peur du regard des autres qui pourraient se moquer de lui, le ridiculiser. Il prend ainsi conscience que c'était l'attitude de ses parents. C'est ce discours négatif qui l'a amené en psychothérapie. En niant ses émotions, il a subi des ruptures sentimentales et évitait une relation profonde avec autrui. Il s'est formé une telle carapace dans l'enfance qu'il est devenu fataliste et défensif. Pour Jean, il était inutile de répondre lorsqu'il était enfant, car il savait qu'il allait "s'en prendre plein la tronche". Il s'est figé, sans plaisir à vivre le moment présent, déprimé à l'adolescence. L'alcool et les relations festives lui avaient permis de s'anesthésier pour entrer plus facilement en relation. Désinhibé, il pouvait s'exprimer aisément. Ensuite, la partie combative en lui a pris le dessus et il a agi constamment dans la contrainte, la psychologie du mérite, "tu dois". Cette partie en quittant mon bureau s'était exprimée avec humour à la fin de la dernière séance, lorsque j'ai repoussé des poussières sous l'escalier "C'est comme ça que vous nettoyez l'escalier ?". Je lui ai dit tranquillement "Ca m'amuse, je prends mon temps". Il m'a dit qu'il n'avait jamais connu l'amusement, car il était coupé de son Enfant intérieur. Il se mettait sans cesse la pression, en se cognant aux objets par précipitation. Sa famille misait sur la réussite par l'argent et l'avoir. Ses proches se souciaient peu de comprendre Jean. Il se dit alors qu'en rencontrant son Enfant intérieur, ils serait désinhibé sans alcool. Il s'est imaginé dans son jardin en train de profiter de ce moment de détente, observant la nature paisible et le ciel ensoleillé. Mais, une ombre derrière lui apparut. C'était l'ombre de son père, une partie de lui avec des attitudes de celui-ci. Je lui demande ce qu'elle veut. Il dit qu'elle veut le surveiller s'il y a danger. Cette partie veut le protéger et craint d'être impuissante. Son père avait été battu dans son enfance, impuissant à se protéger. Je lui demande s'il y a danger. Il répond à cette partie défensive, sur le qui-vive, qu'il peut se détendre, car il n'y a pas de danger. Jean représente ainsi sa partie combative, constamment en contrôle, par peur d'être impuissant, car il avait également été frappé par son père dans son enfance. Il s'oriente ensuite vers l'Enfant qui lui apparaît. Il est triste. C'est la partie sensible, émotionnelle, de son moi blessé durant son enfance. Je demande à Jean s'il peut le réconforter. Il se rappelle de son attitude avec son neveu. Il dit à son Enfant intérieur :"Ce n'est pas grave". L'Enfant est encore triste. Je lui explique qu'il minimise l'émotion et que son Enfant n'est pas réconforté. Il se rappelle que ses parents lui parlaient ainsi. De ce fait, il accepte difficilement la tendresse de sa compagne, car il est sur le qui-vive, pas présent et un bisou lui suffit. Jean tente d'être présent, d'accueillir la tristesse de l'Enfant. Il le prend dans les bras avec compassion et amour. Il lui a dit "Je suis avec toi. Tu n'es plus tout seul. Je te demande pardon si je n'ai pas appris à te réconforter. Maintenant, ça va changer". Son Enfant se sent mieux, apaisé avec lui. La partie Enfant de Jean est émue par la compassion de l’Adulte et par sa demande de pardon. C’est une réconciliation pleine d’amour et de compassion. Jean a pris soin, enfin, de son Enfant intérieur si longtemps nié par sa partie combative. La confiance s'est installée entre l'Enfant et l'Adulte réconciliés. Avec cette énergie d'amour, ils se sentent plus forts pour avancer, construire des relations d'attachement plus positives et profondes.
Si ce témoignage et ces questions vous parlent vous pouvez contacter Christine Calonne, psychologue psychothérapeute à Namur et à Charneux : +32 42 90 58 14.