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Perversion narcissique et souffrance : le déni de toute vie en soi, en autrui

Le 26 mars 2019
Perversion narcissique et souffrance : le déni de toute vie en soi, en autrui
La perversion narcissique se manifeste par une absence de souffrance, un déni de la vie intérieure, une attaque des liens et un état dissociatif nécessaire pour éviter la souffrance, la mémoire traumatique du corps.

La perversion narcissique se caractérise par le déni de toute vie intérieure.

Cette personnalité ne manifeste pas de souffrance, d'émotions désagréables authentiques.

Le pervers narcissique s'est dissocié dans son enfance de son vécu traumatique pour survivre et cette dissociation l'empêche d'aimer, d'être en relation.

Il n'a eu personne pour l'aider durant son enfance ou son adolescence à traverser cette souffrance et à guérir de ses traumatismes émotionnels.

Il a du rester dissocié pour ne pas en mourir et il a choisi de faire souffrir l'autre pour y arriver.

En faisant souffrir sa proie, le pervers narcissique ne souffre pas.

Il refuse aussi de souffrir, car sa culture familiale lui a appris à être fort, invulnérable, insensible.

Par loyauté et peur du rejet, il a adopté cette croyance familiale "Il faut être dur, cruel dans ce monde dur et cruel pour survivre". 

A. La perversion narcissique se fonde sur un déni de toute souffrance :

Cette personnalité manifeste une absence de souffrance psychique, émotionnelle, un déni de toute vie intérieure.

Ce déni est une des manifestations d'un stress post-traumatique vécu dans l'enfance.

Ce stress post-traumatique a entraîné un évitement de toute souffrance, de tous les souvenirs traumatiques.

Ils ont été repoussés de la conscience dans la mémoire traumatique du corps, dans l'inconscient.

Le pervers narcissique refuse d'aborder cette mémoire traumatique pour ne pas faire face à une angoisse de mort imminente face aux violences de son passé.

Ceci a constitué en lui un système de pensée extrêmement négatif : "Le monde est mauvais. il faut se méfier de l'être humain. La loi de la jungle est la seule loi dans ce monde, ...".

Ce déni lui a permis de trouver une issue dans la recherche du pouvoir, un contrôle de soi et des autres.

Obsédé par le pouvoir et la domination, il s'est coupé de lui-même, tout en extériorité et en séduction.

Il refuse de se remettre en question, de consulter la plupart du temps, parce qu'il évite cette confrontation avec sa vie psychique, ses conflits inconscients, ses traumatismes émotionnels.

Il dénigre les psys qui pourraient l'amener à cette remise en question, comme il dénigre les gens qui s'intéressent à la vie psychique.

Il fuit dans l'action, la recherche de performance à tout prix, la rentabilité, l'attaque des liens sociaux, des liens avec son corps et avec ses émotions.

Obsédé du faire, il ne peut vivre dans l'être, surtout dans l'amour, amour de soi et amour des autres.

Il ne peut prendre soin des autres et éprouver de l'empathie émotionnelle.

B. Absence de souffrance et attaque des liens :

L'absence de souffrance chez le pervers narcissique se traduit par une insensibilité, une dureté, un fonctionnement mécanique.

Il ne peut éprouver d'émotions tendres qui le relieraient à son corps et à autrui.

Son corps est pour lui une machine à utiliser. Il perçoit ainsi le corps des autres.

Il ne peut supporter que l'autre soit malade physiquement ou mentalement, car l'accueil de sa souffrance le relierait à la sienne. 

Il attaque les liens à l'autre en dénigrant, en culpabilisant celui-ci de façon récurrente, sournoise. Il se victimise.

Cette violence psychologique et verbale se manifeste par une addiction aux disputes, des crises de rage, de l'hostilité en cas de résistance à sa toute-puissance. Il interdit à l'autre d'exister, d'être différent.

Il se nourrit des disputes et jouit de voir l'autre entrer dans ses jeux de pouvoir.

Ceux-ci se traduisent par des inductions constantes de ce que l'autre doit dire, penser, ressentir ou faire.

Ces inductions font partie de l'emprise qu'il a sur sa proie.

L'autre est son pantin, son objet, objet de sa violence, objet à exploiter et à détruire à petit feu dans son identité, dans sa vie.

Cette addiction aux disputes lui évite toute confrontation à ses angoisses de mort, à ses terreurs inconscientes.

Ceci le différencie d'autres types de manipulateurs dont la souffrance est perceptible à travers les angoisses, l'anxiété, les symptômes d'angoisse, des signaux de détresse, de désespoir, de tristesse (ex. rituels de lavage et de rangement, réactions phobiques, automutilations, manifestations corporelles comme les palpitations, les sueurs, les tremblements, ...). 

C. Etat dissociatif et perte du lien à la vie :

Le pervers narcissique a réussi son déni de toute souffrance, son déni de toute vie intérieure grâce à la dissociation corporelle.

Il contrôle son corps comme une mécanique, comme un robot.

Il semble mort intérieurement à cause de cette dissociation.

Elle est le résultat du stress post-traumatique intense vécu dans son enfance.

L'excès de stress passé a amené son cerveau à sécréter trop d'adrénaline et de cortisol, de sorte que pour survivre il s'est dissocié de son corps et de son ressenti.

Spectateur de sa vie et de celle des autres, il est devenu un fin observateur, repérant très bien chez les autres toute manifestation de vulnérabilité pour servir ses intérêts.

Par contre, il ne peut plus observer son ressenti interne.

Le maintien de la dissociation suppose de libérer le stress nié par l'attaque de l'identité d'autrui.

Soulagé, il retrouve ainsi temporairement un équilibre, mais la menace interne est toujours là.

Il reste en hypervigiliance pour continuer à garder le contrôle et ne peut se laisser aller à la vie en lui, à toute forme de spontanéité, d'imagination, de créativité.

Il est obsédé par la discipline, le contrôle, l'ordre.

Il fait d'autrui un petit soldat, obligé d'obéir au doigt et à l'oeil, obligé de mettre le pervers narcissique sur un piédestal pour servir la toute-puissance narcissique de celui-ci.

D. Refuser d'éteindre la vie en soi :

Si la victime refuse de s'oublier, de s'éteindre pour servir le pervers narcissique, elle subit des représailles.

Celui-ci la contraint à tenter de le ménager. La victime croit qu'elle peut arriver à apaiser le pervers narcissique. Mais c'est peine perdue, car celui-ci est hanté par la mémoire inconsciente de ses traumatismes.`

Ceux-ci l'amènent à continuer son oeuvre de destruction pour ne plus en souffrir.

La victime, pour sauver sa vie, n'a d'autre solution que de fuir.

Vouloir sauver un pervers narcissique ne mène à rien, si ce n'est à se perdre soi-même, perdre son identité, perdre confiance en soi, perdre l'estime de soi, perdre toutes ses ressources et même au final, perdre la vie.

Prendre conscience des violences subies, prendre conscience de la perte de ses ressources permet de libérer l'énergie de la colère nécessaire pour fuir.

Prendre conscience des causes du comportement de sauveur permet à la victime de se redonner l'importance suffisante pour désirer vivre et retrouver la vie.