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Perversion narcissique et instrumentalisation de l'enfant : ses trois fonctions

Le 13 septembre 2022
Perversion narcissique et instrumentalisation de l'enfant : ses trois fonctions
L'instrumentalisation de l'enfant par le parent pervers narcissique a trois fonctions importantes : enfant idéal, enfant-poubelle ou enfant non-séparé. Il n'a pas le droit à l'autonomie de pensée ou d'action. Le libérer de ces fonctions est possible.

A. L’instrumentalisation

L'instrumentalisation est une des formes que prend la manipulation dans la perversion narcissique. Le ou la pervers(e) narcissique considère l'autre comme un "instrument", un objet à exploiter pour ses ressources, ou sur lequel déverser ses violences psychologiques, verbales, physiques ou sexuelles.

Il s’agit d’un abus le plus souvent narcissique, parfois sexuel.

Il y a trois types d’abus narcissiques selon Hurni et Stoll ("La haine de l'amour") : considérer l’enfant comme "objet idéal", faire-valoir, comme "objet-poubelle", rejeté, ou comme un objet non- séparé". L’enfant ne peut être lui-même, ne peut préserver son autonomie nécessaire pour devenir adulte et réussir sa vie.

B. La fonction de l'enfant idéal

Le parent PN ne peut reconnaître la personne de son enfant. Il le traite comme un objet. Cette instrumentalisation vise à l'annexer et à l'exploiter dans sa volonté de domination. L’enfant n’a pas le droit de désirer, d’éprouver une émotion, un besoin, car cela lui donne accès à la subjectivité. Il devient une personne. Pour y arriver, ce parent joue sur les peurs, la culpabilité, l'amour, la dépendance de son enfant. Il envoie des messages paradoxaux pour le rendre confus et manipulable. Il divise la famille pour dominer.

Les attaques narcissiques du parent peuvent survenir quand l'enfant ne joue pas sa fonction. Elles surviennent à travers l’animal ou l’objet aimé de l’enfant, à travers ses vêtements ou son corps. Ou bien, le parent agresse l’enfant en ignorant ses réussites, en les minimisant, en lui donnant des tâches humiliantes à réaliser, en ignorant ses besoins d’enfant, comme le droit de jouer, de s’amuser, de rêver, …etc.

Dans sa "fonction d'objet-idéal", l’enfant n’a pas le droit à l’erreur. Il doit être l’enfant parfait. Il ne peut explorer, expérimenter. Il reste sous emprise.

« Sois parfait et sois fort » est le mot d’ordre d’un parent PN exigeant, perfectionniste, jamais satisfait. En conséquence, l’enfant ne s’autorise pas à ne pas savoir, à ne pas tout contrôler, à ne pas "perdre" son temps. Il doit être constamment actif, en projet pour satisfaire les ambitions excessives de son parent. Tout est minuté, sous contrôle, avec une discipline sans failles. L'enfant n'a pas le droit de sentir et d'écouter ce qui est bon pour lui. Il redoute constamment le jugement négatif de son parent. Il tente à tout prix d’obtenir sa reconnaissance positive à travers des performances toujours plus importantes. C'est peine perdue, car son parent  l’ignore et ne peut être satisfait. Ce n'est jamais assez bien : "Tu peux faire mieux. Tu as raté. Tu es nul". L’enfant vit un sentiment d’insécurité affective permanente. Il redoute d'être pointé du doigt pour une erreur et reste sans cesse sur le qui-vive, en voulant être fort, parfait.

A l'âge adulte, il explose à la moindre frustration, dès que quelqu'un ou quelque chose n'est pas sous son contrôle. Il rejette la proximité, les émotions, voire en éprouve une phobie. Il ne fait pas confiance et avance seul. Il n'a pas la capacité de s’engager, de s'intérioriser, de faire un travail sur soi, car il a appris à percevoir la vulnérabilité comme un danger face à un parent intrusif, destructeur et tout-puissant.

C. La fonction de l'enfant-poubelle

Dans sa "fonction d'objet-poubelle" du parent PN, l'enfant est sans cesse agressé verbalement, psychologiquement. Rejeté, il est instrumentalisé comme "objet-poubelle" sur lequel le parent PN déverse sa haine. Le parent attaque l’identité en construction de son enfant, c’est à dire toute expression d’une émotion, d’un besoin et d’un désir.

Il refuse à l’enfant de vivre un lien de confiance, de sécurité nécessaire à son développement, car il veut tuer en lui les germes de l’amour. Sa perversion narcissique l'amène à haïr, à nier la différence.

L’enfant grandit en étant emmuré dans une peur panique de l’autre, car il a pu percevoir dans la relation à son parent une jubilation à pointer du doigt ses erreurs, à le rejeter pour sa vulnérabilité, sa sensibilité.


D. La fonction de l'enfant non-séparé

Dans sa "fonction d'objet non-séparé" du parent PN, il n’a pas le droit d’être autonome et de manifester le moindre désir, la moindre pensée propre. Dans ce cas, le parent instrumentalise l’enfant comme une partie de son corps propre. Il le déshumanise et l’enferme dans un huit-clôt destructeur.

L'enfant reste dépendant toute sa vie de la perversion narcissique de son parent. Il sert de partenaire pour ce parent qui haït son conjoint. C'est un équivalent d'inceste ou une relation incestueuse. Il l'utilise contre l'autre parent pour dénigrer celui-ci, se moquer de lui.

On peut observer cette instrumentalisation dans l’anesthésie corporelle et affective de l’enfant et du parent, une sorte d’indifférence, sans émotion.

L’enfant doit se couper de son corps et des autres pour survivre par le déni de son ressenti. S’il n’y arrive pas, on peut observer le recours à des addictions (nourriture, drogue, alcool, jeux vidéos, sexe, pornographie, travail, …etc), un figement du corps créant des états de douleur intense sur le plan psychologique et physique, des somatisations importantes, une dépression, un immobilisme général dans sa vie.

E. Comment aider l'enfant ?

Les proches ou l'autre parent le soutiennent par l'écoute et la reconnaissance de ses émotions, de ses besoins afin de le libérer de sa fonction d'objet. Ils lui apprennent à les différencier et à les nommer.

Ils lui montrent qu'il peut accepter ses erreurs et en apprendre quelque chose. Ils le déculpabilisent face à ses erreurs, face à sa sensibilité, face aux aux violences qu'il subit. Ils l'aiment et l'acceptent comme il est. Ils le reconnaissent comme personne. Ils sont un modèle de respect de soi afin que l'enfant apprenne à se respecter également, malgré les violences subies.

Nourrir une relation de confiance et de sécurité avec l'enfant peut l'aider à se libérer de l'instrumentalisation. Valoriser ce qu'il est et pas seulement ce qu'il fait peut lui montre la voie de son épanouissement. Passer du temps avec lui sans exiger de performance peut l'aider à respecter ses besoins d'enfant et ne pas adopter les mécanismes de défense de la perversion narcissique.

Etre stable, présent et régulier dans les échanges est sécurisant pour l'enfant. Cette stabilité est renforcée en maintenant un cadre, un environnement stable, des règles stables. L'enfant a besoin de repères fiables pour se développer.

Etre cohérent dans ses paroles, tenir ses promesses peut aider l'enfant également à avoir confiance en l'adulte, malgré ce qu'il vit avec le parent PN.

ils sont empathiques et bienveillants avec lui afin que l'enfant développe de l'empathie, de la bienveillance pour lui-même face à aux violences et face aux pressions du parent PN.

Ils l'aident à apaiser ses angoisses face aux violences en étant dans un état de calme et de sécurité avec lui, en recourant à des jeux ou à un sport pour libérer les émotions.

Lui apprendre à développer son esprit critique, son autonomie de pensée par des questions ouvertes et positives, un dialogue constructif peut l'aider à sortir de sa fonction d'objet du parent PN.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire "Les pervers narcissiques" dans la collection récits et témoignages", "Les victimes de pervers narcissiques, guérir le traumatisme" dans la collection 100 questions/réponses ou récits et témoignages, aux Editions Ellipses.

F. Contact

Si cette description vous interpelle vous pouvez appeler Christine Calonne psychologue psychothérapeute à Namur et à Liège : +32 42 90 58 14.