Le narcissisme pathologique grandiose ou vulnérable se traduit par de l'égocentrisme. La personne qui présente ce trouble de la personnalité est centrée sur elle-même, c'est à dire sur la réalisation de ses désirs narcissiques : désir de prestige, de grandeur, de beauté, de pouvoir. Elle ne prend pas en considération les émotions, les besoins et les limites de l'autre. Elle accorde une attention exclusive à ses propres intérêts et préoccupations au détriment des autres. Ceux-ci doivent être à son service, car elle considère que tout lui est dû. Elle exploite autrui sans se préoccuper de son avis. Elle crée une relation de domination par le biais des attributs du pouvoir, par des comportements agressifs, de la violence psychologique, verbale : dénigrer, culpabiliser, se moquer, critiquer la personne de l'autre, menacer, faire du chantage, mépriser, ... etc. Son évitement des émotions, des besoins fondamentaux, de l'engagement émotionnel lui permet de se protéger de la vulnérabilité et des traumatismes de son enfance. C'est le narcissisme grandiose.
Ou bien, elle adopte une posture apparemment soumise, ne met pas de limites ou met des limites floues afin d'obtenir l'emprise sur l'autre. Elle peut également exercer de la violence psychologique et verbale sous couvert du rôle de victime. Par des plaintes visant à culpabiliser autrui, elle maintient son pouvoir. L'autre est là pour la sauver et réaliser tous ses désirs. C'est le narcissisme caché, vulnérable accompagné de comportements passifs-agressifs. Par exemple, souffler pour montrer son désaccord.
Dans les deux cas, la personne évolue dans le Triangle de Karpman adoptant les rôles de Victime, Sauveur ou Persécuteur. Elle entraîne l'autre dans des jeux de pouvoir s'il n'y prend garde. Elle ne prend pas la responsabilité de ses besoins. C'est l'autre qui doit satisfaire ses désirs et ses besoins, sans qu'elle doive les formuler, faire des demandes.
La personne peut passer du narcissisme caché au narcissisme grandiose selon les événements et les rencontres. Elle enferme l'autre dans une relation d'emprise où il n'est plus libre de ressentir et d'exprimer ses besoins, ses limites. Elle ne se remet pas en question et refuse le dialogue nécessaire pour résoudre le conflit si l'autre ne se montre pas d'accord avec son point de vue. Elle monopolise la conversation, sans empathie pour les émotions des autres. La personne ne manifeste pas d'écoute, ou une écoute aversive. Elle coupe la parole et ne cherche pas à comprendre les besoins de l'autre. Cet égocentrisme est accompagné d'un évitement de son propre ressenti, de son corps. Le sujet cherche à correspondre constamment à une image parfaite de soi. L'autre ne peut être entendu et compris dans sa différence, avec un point de vue différent du sien. Le conflit n'aboutit pas une négociation respectueuse des besoins de chacun.
Cet égocentrisme peut être remis en question en cas de perte de pouvoir. La personne ressent cette perte si l'autre prend la décision de rompre la relation. On peut parfois observer un effondrement narcissique. Elle ressent soudain la blessure narcissique subie dans son enfance : sentiment d'infériorité, sentiment d'être incapable, nul. L'angoisse d'abandon peut réapparaître comme dans le passé, malgré l'idéalisation de l'enfance. Cette idéalisation l'a aidée à se protéger de la souffrance, mais l'insécurité des premiers liens d'attachement revient à la conscience, à nouveau.
Il est alors possible de travailler sa blessure d'abandon ou de rejet et de transformer les défenses contre la souffrance grâce aux ressources de sécurité. La personne trouve dans son imaginaire ou dans la réalité une personne ressource de sécurité, bienveillante, soutenante qui reconnaît sa vulnérabilité. C'est ainsi que la blessure de l'enfance est cicatrisée. Reconnaître les émotions, les besoins frustrés de l'enfance permet à la personne de développer bienveillance, douceur et compassion envers soi. Apprendre l'empathie pour soi est la voie royale pour mettre l'ego au service du coeur et développer la capacité à s'aimer tel que l'on est. C'est la transformation du faux self. Les défenses de survie (combattre par le jugement, le contrôle, l'hyperadaptation) laissent place à l'apaisement et le sujet peut créer du lien avec lui-même comme avec autrui. Le sujet peut sortir du Triangle de Karpman en prenant la responsabilité de satisfaire ses besoins. Il découvre ce qui est vraiment important pour lui afin de réaliser ses propres objectifs de vie et non plus ceux que son parent avait décidé pour lui. La psychothérapie EMDR aide la personne à se reconnecter à elle-même et à transformer les blessures émotionnelles de son passé. Elle se libère de cet égocentrisme et retrouve le lien avec soi, avec l'autre. Les défenses du narcissisme pathologique ne sont plus activées, car la personne a retrouvé la sécurité intérieure et une juste estime de soi.
Julien a survécu à une enfance marquée par la domination de son père, violent sur le plan psychologique, verbal et physique avec lui. Son père n'a pas manifesté d'empathie pour ses émotions et ses besoins durant l'enfance de Julien. Il a appris à ne compter que sur lui, avec un trouble de l'attachement insécure surtout évitant et avec des moments de désorganisation. Durant son enfance, il s'est senti profondément seul et incompris. Sans attention, sans réconfort, il a survécu par des comportements de combat, faire des "bêtises", adopter des comportements agressifs pour attirer l'attention. Cela provoquait encore plus l'agressivité de son père. Sa mère malade ne lui donnait pas non plus de réconfort. Il a fui son contexte familial où ses frères et soeurs le rabaissaient comme son père en plongeant dans des addictions. Puis, il a pu trouver un travail valorisant pour lui et se libérer de ses addictions. Ses relations amoureuses furent marquées par une succession de conflits sans possibilité de dialogue et d'écoute des émotions. Du narcissisme vulnérable, il est passé au narcissisme grandiose durant sa psychothérapie. Puis, la dernière relation amoureuse a provoqué un effondrement narcissique, car après une phase d'idéalisation réciproque, il a fait face à des violences psychologiques et verbales en cascades. Il a dû fuir. Il a ressenti le sentiment d'abandon du petit enfant qu'il a été lorsque sa mère fut hospitalisée à cause de sa maladie, sans le soutien d'un proche (moment de forte désorganisation marqué par la détresse). Son hypersensibilité s'est manifestée par des émotions très fortes face à la rupture. La psychothérapie EMDR et le lien d'attachement sécure créé durant la psychothérapie l'ont aidé à intégrer ses traumatismes d'enfance, car il a pu créer un lien avec lui-même, son enfant intérieur, développer des ressources internes, externes pour satisfaire ses besoins grâce à un dialogue bienveillant avec soi.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter mon livre "Le narcissisme, créateur ou destructeur", éd. Ellipses, col. 100 questions/réponses.
Si ce thème vous concerne vous pouvez contacter Christine Calonne psychologue psychothérapeute à Charneux et à Namur en Belgique +32 42 90 58 14.
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