Le modèle parental surprotecteur est un style relationnel caractérisé par un contrôle anxieux des pensées, des émotions ou des actions de l'enfant. Le parent veut protéger l'enfant de toute souffrance en anticipant les problèmes et en cherchant pour lui les solutions. Il s'implique excessivement dans les moindres faits et gestes de l'enfant pour lui éviter toute erreur, tout problème. Mais, cette relation, peu différenciée, ne donne pas confiance à l'enfant.
Celui-ci apprend à rester dépendant de son parent, même à l'âge adulte. Il n'apprend pas à prendre la responsabilité de ses émotions, pensées et actions. Il grandit dans un état d'insécurité, un style d'attachement insécure anxieux. Celui-ci ne permet pas de définir clairement à qui appartiennent les émotions qu'il ressent à cause de la faible différenciation entre le parent et l'enfant. Il porte le fardeau des angoisses parentales malgré lui. Cela peut rendre sa prise de décision difficile, ses relations aux autres instables. En effet, il peut reprocher aux autres ce qui ne va pas dans sa vie à l'âge adulte, parce qu'il n'a pas appris à prendre soin de ses besoins et de ses émotions. Ou bien, il développe une culpabilité excessive en construisant un Juge intérieur sévère. La dépression peut être la conséquence de ce poids de la culpabilité et de la dévalorisation de soi.
Ariane a grandi sous la coupe de sa soeur aînée, elle-même reproduisant le modèle surprotecteur de sa mère. Sa soeur contrôlait depuis l'enfance tous ses faits et gestes : "Ne ris pas si fort !", "Tiens-toi droite", ...etc. Mais, en parallèle, elle lui reprochait de ne pas savoir décider par elle-même et d'être constamment "la victime". Ce discours paradoxal a favorisé l'impuissance apprise chez Ariane. Elle a souffert d'une relation de couple avec un conjoint qu'elle décrit dominateur, alcoolique, dévalorisant et culpabilisant envers elle. Cette relation reproduisait la relation vécue avec sa soeur et sa mère. Ariane n'arrivait pas à se féliciter, à mettre le focus sur le positif dans sa vie. Dans un stress chronique, malgré la séparation conjugale, elle ne se faisait pas confiance et était dominée par un Juge intérieur sévère. Tout était un fardeau pour elle. Elle n'osait pas passer un coup de fil et demander quelque chose par peur de la critique et de se sentir incapable. Elle n'était jamais fière d'elle et trouvait cela normal. Ce modèle parental a favorisé une vulnérabilité à l'emprise psychologique de son conjoint à l'âge adulte, car elle doutait constamment d'elle-même et ne se donnait aucune légitimité. Par exemple, elle trouvait normal que sa soeur lui dise que la robe qu'elle avait choisie pour sortir ne lui allait pas, car sa soeur avait toujours raison. Elle ne pouvait pas s'autoriser une erreur, particulièrement depuis sa rupture et la vente de sa maison.
En prenant conscience de la répétition du modèle surprotecteur entre elle et sa soeur, sa mère et son conjoint, elle a pu progressivement se libérer de ces jeux de pouvoir. Elle a appris à prendre la responsabilité de ses émotions, de ses besoins et de ses limites pour sortir du Triangle de Karpman et de l'emprise. Elle avait évolué avec eux dans ce Triangle : Victime/Persécuteur/Sauveur.
Elle a appris à poser ses limites en légitimant ses émotions, ses besoins et en verbalisant ce qu'elle ne voulait plus et en formulant des demandes (arrêter les critiques, les ordres, demander des encouragements et des compliments). La psychothérapie EMDR et la thérapie polyvagale a contribué à transformer ses états d'insécurité et son style d'attachement à l'autre. Elle a appris à ralentir, à se poser pour conscientiser son ressenti, cette part d'elle-même anxieuse. Elle a renforcé ses capacités à se ressourcer. La dépendance au regard de l'autre a diminué, car elle a pu apprendre à apaiser la part critique, son Juge intérieur sévère, semblable à ce parent contrôlant par anxiété son enfant. La dépression, conséquence d'une culpabilité excessive et d'un manque d'estime de soi a diminué en prenant soin de ses besoins et en apaisant ses peurs. Cultiver chaque jour des moments d'apaisement peut aider à soutenir, encourager cette partie de soi anxieuse. Une routine qui crée de la confiance est, par exemple, une immersion dans la nature, une promenade au bord de la mer ou dans la forêt. Autorisez vous ce temps de ralentissement quitte à mettre de côté une tâche pour vous ressourcer, car vous ressentirez davantage d'énergie pour être vous-mêmes et vous affirmer.
Si cette problématique vous parle, vous pouvez contacter Christine Calonne psychologue psychothérapeute à Namur et à Thimister +32 42 90 58 14.