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La mère perverse narcissique : créer son enveloppe affective pour s'en libérer

Le 01 avril 2023
La mère perverse narcissique : créer  son enveloppe affective  pour s'en libérer
L'absence d'empathie et l'emprise d'une mère perverse narcissique ne favorise pas l'autonomie et la sécurité intérieure. Créer son enveloppe affective, se donner la sécurité et la paix intérieure est possible après l'emprise.

Christine Calonne, psychologue psychothérapeute a publié en janvier 2023 "Les femmes perverses narcissiques" aux éditions Ellipses, col. 100 questions/réponses. Voici un des thèmes abordé dans son livre : identifier l'emprise d'une mère perverse narcissique et s'en libérer.

L'emprise d'une mère perverse narcissique


Une mère perverse narcissique manifeste un trouble de la personnalité, à l'extrême d'un continuum dans le narcissisme pathologique. Ce trouble se traduit essentiellement dans ses interactions avec autrui, car la perversion narcissique est basée sur le déni (déni de son intériorité, de toute souffrance, de toute émotion). Elle expulse en son enfant ce qu’elle ne veut pas ressentir par de la violence essentiellement psychologique et verbale : peur, tristesse, jalousie, envie, culpabilité, détresse, honte, …etc. Elle peut ainsi maintenir un sentiment de toute-puissance pour dominer, instrumentaliser, exploiter et détruire celui-ci de façon machiavélique.

Contrôlante et contrôlée, elle domine son enfant en s’exprimant de façon autoritaire, psychorigide et insensible. Elle ne prend pas en considération les besoins de celui-ci, par égocentrisme et par refus de son autonomie. Elle est fermée au dialogue et se montre incapable de remise en question. Elle utilise le dénigrement, la moquerie, la culpabilisation le chantage affectif, les menaces, la victimisation pour maintenir son emprise. Elle instrumentalise son enfant pour satisfaire ses désirs narcissiques. L’autre est un objet, un faire-valoir et non une personne à part entière. Sans empathie ni compassion, elle ne lui exprime pas d’affection et de sentiments. Dans sa manipulation, elle joue la comédie en public, avec le rôle de la femme fragile, malade ou dévouée et sacrifiée. Dans un état de guerre permanente, elle sème la zizanie entre ses enfants pour mieux régner sur eux. Si l'enfant manifeste un désaccord, une prise d'initiative, elle exerce des représailles, tout en maîtrisant l’art de savoir jusqu’où elle peut aller dans sa destruction. Elle peut en arriver à rejeter l'enfant, à le harceler et à saboter sa vie de couple, une fois adulte, afin de le ramener dans l'emprise. En effet, elle ne peut supporter le bonheur de son enfant et éprouve un soulagement à le voir au plus bas, car ainsi, elle peut récupérer l'emprise sur lui.

Elle manie la parole comme une arme, avec cynisme afin de dominer, mais sous une apparence charmante. En public, elle veut préserver à tout prix une image parfaite d’elle-même, car elle a une obsession de son image sociale. Elle maîtrise les techniques de communication, non pour dialoguer et vivre dans une bonne entente, mais pour exercer son emprise. Persuasive, elle ne cherche pas à comprendre, avec empathie, mais à obtenir ce qu’elle veut. Elle rend son enfant confus et le fait douter de ses perceptions. Elle envahit son esprit et décide de sa vie grâce aux méthodes de manipulation. Vide intérieurement, malgré son apparence dominatrice, elle vampirise l'énergie de son enfant.

Elle inverse les rôles dans la relation avec son enfant. Celui-ci doit la satisfaire, la protéger, lui accorder toute son attention et prendre soin d'elle.

Elle ment, transforme la réalité pour assouvir ses désirs de pouvoir. Elle ne tient pas ses promesses, car elle n’a pas d’idéaux ni de principes moraux, même si elle en revendique. Pour elle, ce n’est jamais assez bien, car elle exige la perfection de son enfant afin de mieux l’exploiter. Incapable de remise en question, elle attribue toujours la faute de ses erreurs à l'enfant.

Elle ne peut supporter une relation d’attachement avec lui, car la proximité peut la reconnecter à ses blessures passées niées, des abus psychiques et/ou sexuels. Cette phobie de l'attachement et de l'intimité l'amène à rejeter son enfant dès la vie intra-utérine, puis tout au long de sa vie en niant ce qu'il est et en organisant sa destruction de façon machiavélique. 

Créer son enveloppe affective pour s'en libérer 


Une fois devenu adulte, l'enfant d'une mère perverse narcissique peut prendre conscience que son identité n'a pas pu se construire comme les autres. Il n'identifie pas ses émotions, ses besoins, se sent déconnecté. Il peut s'auto-détruire. Il survit en état d'hypervigilance, avec des symptômes liés à l'insécurité ressentie depuis le début au contact de sa mère : maux de tête, de ventre, troubles alimentaires, hyperactivité mentale ou physique, addictions, incapacité à s'engager dans une relation affective, contrôle excessif, isolement et phobie sociale, dépression, crises de colère ou de panique, ...etc.

Comprendre la relation d'emprise avec sa mère perverse narcissique peut aider, mais cela ne suffit pas. Les neurosciences, notamment la théorie polyvagale de S. Porgès a démontré l'importance d'activer le nerf vague, responsable du système parasympathique ventral pour ressentir la sécurité et ainsi, mieux identifier ses défenses, ses émotions, ses besoins et ses limites. Suite à la maltraitance subie dans la relation à sa mère, ce sujet a besoin de créer un lien de sécurité avec lui-même, pour ensuite, être capable d'être en lien avec autrui grâce à la thérapie polyvagale, par exemple. Cette enveloppe affective peut l'aider à se libérer de l'emprise.

André a été rejeté par sa mère, in-utero. C'est ce qu'elle lui a dit. Par la suite, il a ressenti ce rejet à travers l'absence d'attention de sa mère pour ses émotions, ses besoins et ses valeurs. Elle ne respectait pas celles-ci. Elle n'était pas capable d'éprouver de l'empathie et de le réconforter. Au contraire, elle se moquait de ses erreurs, de sa vulnérabilité. Elle n'avait pas confiance en ses capacités et ne l'encourageait pas dans ses choix. Par exemple, il a choisi une orientation religieuse à l'âge adulte, mais sa mère ne l'admettait pas. Elle faisait constamment intrusion chez lui quand il faisait son rituel de la prière. Elle le dévalorisait et lui annonçait à chaque initiative de sa part pour s'autonomiser qu'il allait échouer. Elle se montrait "fragile", angoissée quand il s'éloignait pour le culpabiliser de prendre des initiatives. Cette victimisation contrastait avec son attitude dominatrice le reste du temps. Elle voulait décider tout pour lui. Il a fait un voyage aux USA pour tenter d'échapper à l'emprise. C'était horrible, car il était angoissé en groupe et son environnement professionnel, le groupe lui faisait très peur. Suite à une violente dispute au sujet de son voyage, il a pu lui dire "non", prenant conscience de son machiavélisme destructeur. Cependant, il restait très angoissé par manque de l'enveloppe affective et de l'empathie d'une mère. Sa psychothérapie l'a aidé à se donner cette sécurité et cette paix intérieure nécessaire pour être en lien avec lui, puis avec les autres. Par exemple, il a appris le réflexe d'orientation du regard pour observer grâce aux mouvements des yeux s'il y avait un danger dans la pièce où il était. Il pouvait ainsi apaiser son système nerveux en hypervigilance. Il activait son nerf vague, responsable de la détente du système nerveux, en identifiant, avec ses cinq sens ce qui lui faisait du bien, son fils, son chien, son jardin, par exemple. Ou bien, il enveloppait son corps de ses mains en les laissant descendre de la tête aux pieds lentement, en plusieurs étapes, à chaque expiration. Il y ajoutait l'intention de l'amour et de l'empathie pour lui-même. Tout en sentant l'enveloppement de son corps par ses mains, il a pu découvrir les sensations de son énergie de sécurité et d'amour pour lui. Il a renforcé ainsi l'état parasympathique ventral de son système nerveux en créant l'enveloppement affectif et psychique qui lui avait fait défaut in-utero et dans la petite enfance. Cette paix intérieure l'a aidé à réduire son hypervigilance, sa phobie sociale, à mieux écouter ses besoins et à mieux poser ses limites. Dans l'état de sécurité et de paix, il percevait mieux ses défenses et pouvait apaiser leur peur. Par exemple, il identifiait la défense du combatif en lui, perfectionniste, hypervigilant pour tout contrôler et se protéger. Il a appris à rassurer cette partie de lui, luttant contre la peur de l'impuissance apprise dans la relation à sa mère. Ancré dans l'état de sécurité de son système nerveux parasympathique ventral, il se remémorait ses réussites, les moments de sa vie où il se sentait fier de lui, puissant. Il a réussi à s'en libérer en adoptant l'attitude d'une mère suffisamment bonne pour lui : prendre soin de lui avec amour et empathie.

Contact

Si ce texte vous parle, vous pouvez contacter Christine Calonne psychologue psychothérapeute à Namur et à Liège :https://www.psychotherapie-calonne.be/contact-psychologue-psychoterapeute.php.