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L'enfant sous emprise : pourquoi le sécuriser et lui donner un cadre bienveillant ?

Le 10 mai 2023
L'enfant sous emprise : pourquoi le sécuriser et lui donner un cadre bienveillant  ?
Se sécuriser en tant que parent d'un enfant sous emprise est la condition essentielle pour co-réguler les émotions de son enfant sous emprise. Avec un cadre bienveillant, elle rétablit son sentiment de sécurité pour lâcher des comportements de survie.

A. Se sécuriser face à l'enfant sous emprise

L'enfant sous emprise peut imiter des comportements violents et manipulateurs de son parent par delà la séparation des parents. Il peut adopter ces comportements sans manifester lui-même cette personnalité. Des comportements ponctuels ne représentent pas une personnalité, surtout dans l'enfance et jusqu'à l'âge adulte. Il est donc inapproprié de dire à l'enfant qu'il est comme le parent agresseur. Cela peut même inciter l'enfant à reproduire davantage de comportements violents. Par exemple, l'enfant peut affirmer une préférence pour le parent violent, voire une idéalisation totale. Parfois, c'est sous l'effet de la peur des représailles, du retrait d'amour du parent agresseur. Il peut dramatiser la moindre erreur du parent qui est l'objet des violences psychologiques, par contre.

Par contre, il est essentiel de le sécuriser en étant soi-même dans un état de sécurité. Le parent a un rôle important de co-régulation des émotions de l'enfant. Face à l'agressivité ou la colère de celui-ci, le parent ciblé par la violence peut recourir à la respiration de la cohérence cardiaque pour s'apaiser (rythme de 4" à l'inspire et 6" à l'expire), s'ancrer dans son corps et dans le contact avec son environnement (ce qui l'apaise), recourir à un objet ou un mot apaisant, ...

B. Co-réguler les émotions de l'enfant 

Si l'enfant se montre indifférent ou adopte des paroles du parent violent, cela peut être un comportement de survie, par peur d'être rejeté par celui-ci s'il ne l'imite pas. Souvent, le parent violent et manipulateur fait, en effet, du chantage affectif ou exprime des menaces d'abandon à son enfant. Ou bien, il utilise l'enfant pour faire passer ses messages et détruire de façon indirecte le parent qui a échappé à son emprise.

Il est important d'aider cet enfant à prendre conscience des peurs sous-jacentes à ses comportements agressifs ou manipulateurs en l'aidant à identifier son ressenti et les émotions. Une activité physique peut être l'occasion de l'encourager à ressentir et à exprimer ses émotions.

Le parent peut légitimer son ressenti, car souvent, le parent violent peut dire à l'enfant que les émotions sont de la faiblesse, ou exprimer du mépris sur le plan non-verbal si l'enfant pleure, par exemple. Ce parent préfère valoriser les apparences et la force plutôt que la sensibilité et une attitude humaine. L'enfant peut être séduit par cette séduction. Par exemple, ce parent peut l'envahir de cadeaux nombreux et excessifs pour l'acheter. Mettre une limite à cet envahissement est important, comme de proposer des activités valorisant son être et son ressenti.

Parfois, l'enfant sous emprise peut menacer de se suicider, faire un geste d'auto-agression. C'est un signal qu'il est en état de survie et d'insécurité. Laisser l'enfant exprimer sa colère est important afin qu'il ne la retourne pas contre lui. Mais, il est important de lui apprendre à la canaliser, par exemple, en tapant sur un coussin, en dessinant ou en dansant son émotion, ...etc. Il peut ainsi se sécuriser et ne plus craindre ses émotions intenses.

C. Sécuriser l'enfant 

On peut remarquer une hyperactivité mentale et physique si l'enfant a adopté un comportement de survie de type combatif. Dans ce cas, les hormones du stress saturent son corps et l'insécurité le pousse à l'action, à des activités pratiquées à du cent à l'heure, rapides, voire à risques. Il a du mal à s'intérioriser.

Faire une activité agréable qui libère le stress peut aider l'enfant. Par contre, multiplier les activités n'est pas la solution, car l'enfant sous emprise reste alors en insécurité et s'épuise tout autant qu'il épuise par son insistance son entourage. 

Rappeler à l'enfant qu'il n'est ni coupable, ni responsable des problèmes entre les parents contribue à renforcer sa sécurité. S'il est amené par le parent violent à devoir choisir entre ses deux parents, il est essentiel de lui dire qu'il a le droit de ne pas choisir, qu'il a le droit d'être lui-même.

D. Adopter un cadre bienveillant

Le parent peut cadrer l'enfant sous emprise avec bienveillance, en lui mettant des limites au niveau horaires, usage des écrans, emploi de mots violents, respect des règles et des tâches selon son âge.

C'est important pour l'enfant d'avoir un autre modèle que celui du parent violent. Incarner ce modèle et le répéter à l'enfant régulièrement peut l'aider à prendre du recul et à retrouver des capacités de réflexion, un esprit critique.

S'il manifeste des comportements tyranniques, lui dire qu'il peut avoir son point de vue, mais qu'on a un avis différent et que l'on a atteint sa limite peut lui apprendre le respect de l'altérité. Parfois, une sanction qui n'est pas une punition mais une occasion d'apprendre quelque chose sur soi peut accompagner ces paroles. Ne pas laisser passer ces comportements, c'est montrer à l'enfant que nous nous respectons et que l'enfant peut aussi apprendre à se respecter tout en respectant les autres. Etre ferme et exprimer les choses avec autorité n'est pas être autoritaire. L'enfant a besoin de limites bienveillantes pour se sentir protégé et en sécurité.

Lui expliquer combien c'est important de respecter les règles pour être bien ensemble, éduquer l'enfant sous emprise aux valeurs humaines peut être une voie de résilience pour l'enfant. Ce cadre bienveillant peut le sécuriser et l'aider à lâcher ses comportements de survie.

Valoriser les comportements respectueux, altruistes et la vulnérabilité de l'enfant peut l'aider à ne pas s'identifier en grandissant à l'agresseur. Rétablir la vérité des faits face aux mensonges qui concernent l'enfant est important pour réduire l'emprise visant à dénigrer l'autre parent. Les déformations de souvenirs en font partie. Veiller à avoir accès à l'information concernant les activités et les soins de l'enfant est important également dans ce sens. Rappeler à l'enfant qu'il n'est pas un intermédiaire et qu'il n'est pas concerné par les problèmes entre les parents permet de rétablir son sentiment de sécurité.

Limiter les contacts téléphoniques ou par écrans permet de préserver un cadre où l'enfant se sente bien, en sécurité avec le parent qui le reçoit.

E. Contact

Si ce thème vous interpelle, vous pouvez vous adresser à Christine Calonne psychologue psychothérapeute à Namur et à Charneux sur son formulaire contact. Vous pouvez également la joindre sur ce numéro : +32 42 90 58 14.