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L'emprise et la non-intervention de l'entourage : comment la comprendre ?

Le 29 novembre 2022
L'emprise et la non-intervention de l'entourage : comment la comprendre ?
Comprendre la non-intervention de l'entourage face à l'emprise est possible en observant les effets de l'insécurité et de la confusion. La peur des représailles joue aussi un rôle. Mais, ses effets sont terribles pour les victimes, adultes ou enfants.

A. La non-intervention de l'entourage

Les adultes qui observent la relation d'emprise d'un parent ou d'un conjoint peuvent n’apercevoir que des dimensions minimes de l’histoire, car l'agresseur présente souvent une apparence parfaite. Ils minimisent alors les violences psychologiques ou verbales en les considérant comme de simples disputes quand elles leurs sont relatées.

Ou bien, ils entrent dans un déni des abus émotionnels ou physiques, car ils ont une difficulté à envisager qu’une personne puisse agir de façon aussi peu respectueuse et malveillante.

C’est une difficulté liée à la peur. En effet, les gens peuvent craindre que ce qui arrive à l’autre leur arrive aussi. Cette peur de la malveillance peut être paralysante et inhiber tout désir d’aider, toute initiative pour intervenir dans l’histoire.

Comprendre la non-intervention de l'entourage suppose d'observer les effets de l'insécurité. la théorie polyvagale nous offre des pistes de compréhension en décrivant l'effet des agressions sur notre système nerveux. Le cerveau reptilien prend le pas sur le cerveau pré-frontal pour protéger le corps de leurs effets nocifs. Des comportements de survie apparaissent : combattre, fuir, se figer, se soumettre ou appeler à l'aide. L'impact des agressions fige les témoins dans la peur. C'est le traumatisme vicariant. Les témoins de violences peuvent être aussi impactés par les effets de l'emprise. Ce figement les pousse à se retirer de la situation, à se déresponsabiliser et à laisser à d'autres le soin d'intervenir. Parfois, l'insécurité pousse les témoins à fuir la situation, fuir la victime, c'est à dire à ne pas être à l'écoute des émotions suscitées en eux par le vécu de celle-ci. Ou bien, l'entourage, par insécurité, adopte une position de jugement, sans empathie : "Si elle reste, c'est que cela lui convient". Ce jugement protège de la peur suscitée par la situation. La non-intervention de l'entourage peut être la conséquence de jugements, comme, par exemple, la croyance que la victime peut se défendre. Les témoins ne comprennent pas les dégâts du harcèlement moral quotidien que l'agresseur exerce sur la victime. Ils ignorent que la violence psychologique répétée et intense peut paralyser, immobiliser la victime, l’empêcher de penser, de ressentir et de s’affirmer. L'emprise détruit à la longue l'identité, épuise la victime et ne permet plus de mobiliser l'énergie nécessaire pour se libérer. Elle se soumet à l'inacceptable, par perte de la capacité à penser, à agir et à ressentir.

B. La confusion créée par l'emprise

L'agresseur peut tellement bien mentir et manipuler que les gens croient tout ce qu’il raconte. Celui-ci suscite un réflexe de protection chez autrui en se positionnant en victime.

Ou bien, il crée la confusion en soufflant le chaud et le froid, en envoyant des messages paradoxaux qui empêchent autant la victime que son entourage d'y voir clair (phénomène du "gaslighting"). Cette confusion rend manipulable et cela renforce l'emprise. Celle-ci permet à l'agresseur de continuer à entretenir chez autrui cette idéalisation de sa personne et cette loyauté envers lui.

Cette stratégie joue un rôle important dans le contrôle coercitif, car l'emprise est voilée. La victime et l'entourage n'aperçoivent pas les barreaux de la prison où la victime est enfermée, car celui qui domine joue avec l'idéalisation présente dans le syndrome de Stockholm. La victime, par peur, cherche à sympathiser avec l'agresseur. D'autre part, elle éprouve des attentes frustrées liées à son passé. Le partenaire ou le parent dominateur exploite ces attentes pour mieux dominer.

Le partenaire ou le parent dominateur peut corrompre l'entourage également pour obtenir des témoignages contre la victime s'il s'agit d'obtenir des gains en Justice. Il peut corrompre les enfants eux-mêmes en offrant des cadeaux extraordinaires afin de les séduire et de les dominer d'autant mieux. Il peut ainsi les obliger à mentir au Juge pour obtenir ce qu'il veut. Corrompre est une manière de renforcer la confusion dans l'esprit de l'entourage et des victimes confondant les cadeaux avec de la bienveillance.

C. Comprendre la peur des représailles

L’entourage, l'enfant ou le conjoint victime peuvent craindre les représailles de l'agresseur s’ils ont pris conscience de l’ampleur des violences durant la relation d'emprise.

Les représailles peuvent être terribles et certains préfèrent ne pas intervenir pour ne pas être la nouvelle victime dans l’histoire : diffamation, représailles financières, harcèlement moral croissant, ...etc.

Ce point de vue n’est d’ailleurs pas faux, car un parent ou un partenaire qui exerce un emprise psychologique sur sa proie a le désir de défouler sa violence sur celle-ci afin de ne pas souffrir en faisant souffrir. Il ne veut pas se remettre en question et peut tenter à tout prix de maintenir cette emprise sur la victime. Ceci est d'autant plus fort s'il s'agit d'un conjoint ou d'un parent pervers narcissique, car il déploie un machiavélisme sans failles pour se venger de son passé et accroître son pouvoir sur autrui.

D. Les conséquences de la non-intervention

Cependant, les conséquences de cette non-intervention sont terribles pour l’enfant d’un parent exerçant une emprise psychologique. L'enfant croit que c’est lui le coupable, la cause du problème, le mauvais, le nul, l’incapable, …etc.

Il est important de comprendre que cet enfant risque d’en subir les conséquences toute sa vie, car cela peut engendrer un trouble de l'attachement insécure désorganisé. A long terme, il peut mourir à force d'éprouver quotidiennement un stress insupportable. Il souffre de son insécurité profonde et celle-ci peut le paralyser dans ses prises d'initiatives, l'amener à un repli sur soi, à une méfiance envers autrui. Parfois, il s'oublie dans ses relations, dans les addictions, se soumet et ne peut poser ses limites. Il peut tenter de tout contrôler, retourne sa colère contre lui ou contre l'autre suite aux traumatismes subis dans l'emprise. Il n'ose pas s'engager dans un couple, dans des amitiés. Il reste coupé de lui-même, de son corps et n'arrive pas à être lui-même.

Cette non-intervention a un effet transgénérationnel puisque l’enfant traumatisé risque de traumatiser ses enfants à l’âge adulte sans le vouloir. Il est important de se faire aider lorsqu'on a subi une relation d'emprise dans l'enfance. 

E. Contact

Si ce texte vous parle, vous pouvez contacter Christine Calonne psychologue psychothérapeute à Namur et à Liège : +32 42 90 58 14.

Vous pouvez également lui écrire par son formulaire contact : https://www.psychotherapie-calonne.be/contact-psychologue-psychoterapeute.php.