L'hypnose éricksonienne est une méthode psycho-corporelle qui permet aux personnes souffrant de traumatismes de l'enfance de se libérer de la transmission transgénérationnelle de ceux-ci.
Souvent, les familles transmettent de génération en génération ces traumatismes non soignés de façon souvent inconsciente, mais aussi parfois de façon consciente au travers de comportements violents sur le plan psychologique, verbal, physique, économique ou sexuel. Ceci s'explique par la dissociation traumatique.
L'hypnose éricksonienne n'est pas une méthode de relaxation, ni de la méditation.
Elle se différencie de la relaxation, car l'hypnose ne consiste pas à détendre le corps.
C'est par les inductions du thérapeute que le patient entre en état modifié de conscience.
Par exemple, des messages paradoxaux vont créer un état de confusion dans le mental permettant de lâcher-prise et d'aller à la rencontre des ressources inconscientes de la personne.
Des métaphores du traumatisme vont permettre sa libération en imaginant d'autres issues, en désensibilisant la personne à la douleur, à l'angoisse, ...
Contrairement à certaines idées reçues, il ne faut pas pouvoir se relaxer pour entrer en hypnose.
L'hypnose se différencie de la méditation où la personne tente de faire le vide dans son esprit, car ici, le patient va se connecter à ses ressources inconscientes pour générer des solutions à ses difficultés.
La puissance de son imagination et de ses émotions va l'aider à transformer des conflits conscients ou inconscients en solution bénéfique pour son épanouissement.
J'observe très souvent en consultation des patients qui répètent à travers leurs symptômes, leurs comportements, leurs relations, leurs choix, des conflits non résolus, voire des traumatismes, parfois depuis de nombreuses générations.
Par exemple, une patiente était venue en consultation pour résoudre un conflit par rapport à la sexualité.
Elle s'est rendue compte dans l'hypnose que ce conflit remontait à plusieurs générations, suite à des relations d'inceste, puis des relations incestuelles dans la famille (absence de limites entre les parents et l'enfant, notamment au niveau de la sexualité, interdit d'autonomie).
Un autre exemple, c'est le vécu d'abandon. Un patient adulte avait adopté un comportement surprotecteur avec son enfant, parce qu'il s'était senti abandonné psychologiquement étant petit par ses parents (absence d'activités ludiques, de dialogue, de tendresse, d'encouragement et de compliment). Ceux-ci avaient eux-mêmes vécu des abandons dans leur enfance, un père alcoolique, une mère dépressive, du côté paternel et du côté maternel, un père mort dans les camps de concentration durant la guerre. L'enfant, étouffé par cette surprotection, cet interdit d'autonomie (peur inconsciente du parent d'être abandonné par son enfant), avait adopté des comportements agressifs et tyranniques préjudiciables pour leur relation.
Au niveau de la violence familiale et conjugale, j'ai souvent observé qu'un patient à l'âge adulte pouvait adopter un comportement d'agresseur (violences psychologiques, verbales, physiques, sexuelles ou économiques par identification à son parent agresseur) ou un comportement de victime (absence d'estime de soi et de conscience de soi, être l'objet de l'autre en ayant subi des violences étant enfant); c'est la répétition de ce qu'il avait vécu dans sa relation avec sa famille d'origine.
Cette répétition est liée au syndrome de Stockholm dans les familles où règne la violence perverse : identification partielle ou totale à l'agresseur, en l'imitant, en l'excusant, ou en le protégeant. Le déni et l'absence de remise en question empêchent la guérison des personnes blessées psychologiquement.
Cette répétition n'est pas inéluctable. Elle peut s'arrêter.
La dissociation traumatique est la capacité qu'a l'organisme menacé dans son intégrité physique et/ou mentale de se protéger d'un risque de mort imminente face aux violences.
Sans cette dissociation corporelle, la personne pourrait en mourir : accident vasculaire, lésions cérébrales.
C'est Muriel Salmona, psychiatre traumatologue, qui a décrit la dissociation traumatique comme mécanisme de survie face aux violences. L'amygdale, dans le cerveau, envoie des hormones du stress (cortisol, adrénaline) lorsque la personne subit ces violences, mais en cas d'excès, elle se bloque et la dissociation s'installe.
La personne devient spectateur, comme morte, anesthésiée émotionnellement afin de ne plus en souffrir.
Mais, du coup, elle ne sait plus, par la suite, réagir aux nouvelles agressions et violences.
Cette dissociation traumatique explique pourquoi les victimes font des allers et retours lorsqu'elles quittent leur agresseur. Sortir de l'emprise les expose à nouveau à l'angoisse de mort imminente de laquelle elles s'étaient dissociées pour survivre. C'est la réaction de survie qui les pousse à revenir vers leur agresseur pour se dissocier à nouveau et ne pas mourir.
Les enfants victimes de violence dans l'enfance sont les plus susceptibles de devenir victimes à l'âge adulte à cause de cette dissociation traumatique.
Les prédateurs humains la repèrent et voient en eux des proies faciles.
La future proie ne sait plus identifier ce qu'elle ressent, ni identifier la violence et encore moins réagir pour se protéger.
Par contre, les enfants qui se sont identifiés à l'agresseur en adoptant des comportements violents ont pu libérer leur stress et ne pas entrer dans la dissociation traumatique.
La dissociation traumatique protège du risque de mort face aux violences, mais à long terme, elle réduit l'espérance de vie de 20 ans selon les recherches rassemblées par Muriel Salmona.
En effet, le corps est toujours sous stress, mais la personne ne le ressent plus et la santé se détériore sous l'effet de ce stress constant.
En cas de dissociation complète, consécutive à des traumatismes graves (violences familiales depuis la petite enfance, prématurité, perte d'un jumeau in-utéro, deuil précoce ou accident non accompagné, ...etc), la personne peut rencontrer systématiquement des prédateurs humains, car ils perçoivent son état figé et son incapacité à se protéger en étant coupée de son corps.
Prendre conscience des traumatismes est la première étape.
Les personnes traumatisées sont souvent partiellement ou totalement coupées de leur vécu interne (sensations, émotions, croyances limitantes, douleurs, conflits psychologiques) à cause de la dissociation traumatique.
Elles ne savent pas qui elles sont et fonctionnent en état de survie.
Cette survie se traduit par des comportements "mécaniques", une suradaptation à la société, au groupe et à ses règles de fonctionnement.
Par exemple, elles adoptent le rôle de l'enfant, puis de l'adulte "parfait", "gentil", "fort", toujours prêt à faire des effort, ...etc.
Enfermées dans ces rôles, dissociées de leur corps depuis l'enfance, ces personnes ne peuvent communiquer avec les autres sur leurs émotions et gérer les conflits. Passives, elles attirent des individus dominants.
De plus, elle ne repèrent pas les comportements verbaux, non verbaux violents ni les actes de violence.
La violence verbale ou physique, les rapports de domination-soumission en sont un symptôme.
"Trop gentille", la personne se laisse exploiter. "Trop sensible", elle s'identifie trop à l'autre et fait trop plaisir aux autres jusqu'à s'oublier.
Il est possible de se reconnecter à son corps, à la mémoire traumatique associée à ces vécus douloureux afin de s'en libérer.
Cette mémoire traumatique est présente dans le corps et se manifeste par des symptômes psychosomatiques, relationnels, ou psychologiques dont l'origine n'est pas comprise par la personne.
La mémoire traumatique peut se manifester par un stress post-traumatique dont les caractéristiques sont repérables : signes d'angoisse, amnésie traumatique, flash-backs, troubles du sommeil, de la concentration, de la mémoire, retrait social, perte d'intérêt pour les activités habituelles, pensées négatives sur soi et sur le monde, hyperactivité mentale et/ou physique, dissociation, dépersonnalisation, état lunatique, comportements contrôlants, corps figé par la peur, colères inappropriées, sursauts, phobies, peur importante du changement, addictions, hypersensibilité, incapacité à s'affirmer, ...etc.
L'hypnose éricksonienne peut aider la personne à créer en elle un état de sécurité par des images, des sons, un toucher, une odeur, des paroles et des métaphores verbales, ..etc.
La deuxième étape consiste à pratiquer l'hypnose avec un spécialiste qui peut l'accompagner dans la traversée de ses traumatismes passés afin de se libérer de la mémoire traumatique.
Cette libération peut permettre au patient la reconnexion avec la vie, avec sa puissance intérieure (puissance de ses sensations, de ses émotions et de ses besoins grâce à la psychothérapie).
Cette puissance intérieure retrouvée peut aider la personne à emprunter la voie de son épanouissement, la capacité à s'affirmer, à prendre sa place dans sa vie et dans sa communauté, sans trop s'adapter ni écraser les autres.
Parfois, cela lui permet de rompre des liens toxiques, une dépendance, ou une co-dépendance préjudiciable à son épanouissement.
Cette capacité à être assertif (ni passif ni agressif) permet à la personne de découvrir le respect de soi et une nouvelle capacité à résoudre les conflits relationnels de façon saine et respectueuse de soi comme de l'autre.
Avec les séances d'hypnose érikcsonienne, le patient s'autorise à nouveau, ou enfin, à ressentir et à exprimer ses émotions, ses besoins, à lâcher-prise, à demander et à recevoir.
Le traumatisme s'installe, en effet, quand une personne ne peut ou n'a pas la possibilité de ressentir et d'exprimer ses émotions face à une épreuve.
Quand elle se l'autorise à l'âge adulte et qu'on l'y aide, la personne peut soigner et guérir ses blessures, ses traumatismes passés pour renaître à la vie.
Elle peut évoluer vers la paix intérieure, la satisfaction et la joie.
Elle peut choisir des relations épanouissantes et mettre fin à des relations familiales, amicales ou conjugales non respectueuses ou malveillantes.
Ou bien, elle découvre une nouvelle capacité à aimer, à donner de l'amour et à en recevoir.
Cela peut permettre, parfois, à toute une famille de rétablir des liens d'affection, un dialogue sur les émotions et les besoins de chacun, dialogue bloqué par les traumatismes transmis sur plusieurs générations à travers des exigences de contrôle, de lutte, de dureté, de perfection ou de soumission.