La psychothérapie d'Alain l'a aidé à identifier, comprendre et soigner son trouble de l'attachement.
Alain a 34 ans et il souffre d'un trouble de l'attachement évitant. Il se débat dans une relation amoureuse en tentant d'éviter de prendre conscience de ses émotions pénibles et de ses besoins frustrés. Il évite également de s'engager dans la relation en sabotant par moments celle-ci par des comportements indifférents ou agressifs. Il reproche alors à sa compagne de rechercher trop de proximité et de l'étouffer. Alain souffre de ce yoyo relationnel et me consulte pour une psychothérapie EMDR suite à d'autres essais de psychothérapie qui ne l'ont pas aidé à guérir ses blessures émotionnelles.
Il a identifié dans son enfance des relations d'attachement insécures avec ses parents. Il n'a pas le sentiment d'avoir été aimé. Il décrit son père très intelligent, mais très dur, avec une discipline de fer, très austère, critique, déconnecté de ses émotions et de celles d'Alain. Son père ne savait pas montrer son affection et pouvait être violent physiquement avec lui lorsqu'Alain était enfant. Absent, complètement absorbé par son travail, son pèrel exerçait pourtant une vraie dictature sur la famille. Alain en a ressenti une peur intense de l'envahissement et un profond sentiment d'insécurité. Il pense que son père souffre d'un trouble de l'attachement également, suite à sa relation à son propre père violent physiquement et psychologiquement. Alain cherchait l'attention en ayant des comportements agressifs étant enfant, mais son père ne manifestait pas d'empathie, ne recherchait pas le dialogue pour le comprendre. Il exerçait sur Alain de la répression en le frappant avec une pousse de saule. Alain décrit sa maman comme une personne souffrant d'un trouble de l'attachement anxieux, centrée sur son mari, mais incapable d'affection envers ses enfants. Elle quêtait l'attention et l'amour de son mari et vivait à travers lui, sans jamais recevoir ce qu'elle espérait, car il était autant critique avec elle qu'avec ses enfants. Alain ne se souvient pas d'avoir été réconforté ou pris dans les bras. Elle le laissait attendre des heures, seul, à la sortie de l'école. Il en a éprouvé un profond sentiment d'abandon. S'il exprimait un sentiment de détresse, elle lui répondait qu'il n'avait pas de quoi se plaindre, car il y avait des enfants qui mouraient de faim dans le monde. Il m'explique que la mère de sa maman avait souffert de troubles bipolaires et n'avait pas pu donner d'amour à sa fille. Alain s'est réfugié dans les drogues et l'alcool à l'adolescence. Mais, la nature lui a offert souvent des ressources pour s'apaiser. De ce fait, il a choisi un métier au contact de la nature.
Les relations d'attachement peuvent être répertoriés en 4 catégories d'attachement : attachement sécure, insécure anxieux, insécure évitant et insécure désorganisé. Bowlby a décrit en détails ses 4 catégories d'attachement.
- L'attachement sécure se construit dans une relation au parent empathique, affectueux, valorisant, encourageant. Ce parent peut mettre un cadre avec bienveillance, réconforter, respecter l'autonomie de l'enfant. Ce parent peut être à l'écoute des émotions, des besoins de son enfant, grâce à une bonne régulation de ses propres émotions. Il permet à l'enfant de se sentir en sécurité, apaisé. L'enfant est capable ainsi d'explorer son environnement tout en sachant qu'il peut revenir vers son parent en cas de détresse. Il sent qu'il a le droit de ressentir et d'exprimer toute la gamme de ses émotions, sans craindre le rejet ou l'abandon, car son parent est disponible. L'enfant peut se montrer coopératif, peu agressif, capable de valoriser et d'être valorisé grâce au modèle de son parent bienveillant. Cette bienveillance rend l'enfant bienveillant avec lui-même et avec les autres, tout en sachant faire face à des conflits. Il peut réguler ses propres émotions en ayant recours à ses ressources internes et externes.
- L'attachement insécure anxieux se développe avec un parent qui craint la séparation, tantôt trop proche, chaleureux, tantôt trop distant, froid, insensible à l'émotion ou au besoin de son enfant. Cette incohérence insécurise l'enfant qui tente de sécuriser son parent pour être ainsi sécurisé par lui en retour. Une inversion des rôles apparaît. L'enfant craint d'explorer le monde, soucieux de ne pas être abandonné. L'enfant a du mal à vivre dans l'apaisement, la joie, l'autonomie. Il manifeste une méfiance relationnelle tout en recherchant le contact.
- L'attachement insécure évitant se développe dans une relation à un parent distant, dur, peu impliqué dans la relation à son enfant. Celui-ci ressent le sentiment qu'il dérange. L'enfant craint de ressentir et d'exprimer ses émotions, ses besoins et ses désirs. S'il le fait, l'enfant apprend que cela fâche son parent, ou bien il ignore ce que l'enfant exprime. L'enfant choisit ainsi de se débrouiller seul et petit à petit nie ses émotions, ses besoins et ses désirs, ainsi que ceux des autres. Il veut être totalement indépendant, mais survit avec un sentiment de solitude intérieure, d'insécurité, une colère profonde expulsée souvent sur les autres de façon inappropriée. L'enfant choisit d'éviter l'intimité. Il cherche des outils pour renforcer son indépendance excessive et pour ne rien exprimer comme besoin, ne rien demander. Il craint d'être envahi par les demandes et les besoins des autres.
- L'attachement insécure désorganisé apparaît dans des relations parentales dominées par la violence psychologique, verbale, sexuelle ou physique, en parallèle ou non avec des négligences. Le parent n'est pas disponible, se montre inconstant, instable dans l'échange émotionnel, imprévisible dans ses réponses. Cette instabilité fige l'enfant de terreur, de stupeur, dominé par un sentiment d'impuissance et de solitude. L'enfant devient lui aussi imprévisible, repoussant ou s'agrippant à la relation, hypervigilant face au danger que représente la relation au parent, hypersensible aux stimulis qui l'entourent. La relation au parent ne lui permet pas de comprendre les codes sociaux et de réguler ses émotions. Il oscille entre le désir de rapprochement et le rejet des autres, avec des niveaux de stress et d'insécurité très élevés. L"enfant perd confiance en l'humanité et vit une détresse intense.
La psychothérapie EMDR a aidé Alain à renforcer son sentiment de sécurité intérieure et extérieure, en développant davantage ses ressources :
- relationnelles : ex. demander le soutien psychologique et affectif de sa marraine, apprendre à dire non sans agressivité, communiquer de façon non violente, ne plus craindre les conflits et savoir les gérer, oser prendre la parole en public.
- psychologiques : ex. construire une bonne estime de lui, se sentir compétent dans sa communication avec les autres, apprendre à mieux s'observer, à renforcer son sentiment de sécurité, de puissance interne.
- émotionnelles : ex. identifier et mieux canaliser ses émotions, recourir à ses émotions comme signal d'un besoin à satisfaire.
- intellectuelles : ex. apprendre à réfléchir à ses problèmes sans les nier, rechercher des solutions plutôt que s'anesthésier avec l'alcool, lire des livres de développement personnel.
- matérielles : apprendre à faire des devis qui ne soient pas sous-estimés au niveau financier dans son travail après journée, chercher une maison qui le sécurise.
- au contact de la nature : ex. s'autoriser à s'allonger au soleil dans une prairie et apprécier la beauté de la nature avec ses sens.
- physiques: Alain a renforcé ses capacités à identifier et ressentir ses émotions, ses besoins et ses désirs dans le corps, à prendre du temps pour se détendre, en marchant dans la nature, courir.
- créatrices : Alain a développé un intérêt pour le jardinage.
Cela lui a permis de renforcer progressivement son sentiment de sécurité intérieure et son estime de lui. Les parties en lui qui avaient l'habitude se mobiliser pour lutter, être hyperactif, se défendre ont découvert avec les ressources de l'Adulte en lui qu'il pouvait vivre et se protéger sans être en guerre. Ces parties ont petit à petit adopté des moyens de protection plus constructifs et apaisants pour lui. Son enfant intérieur a pu être reconnu et aimé par Alain petit à petit, car son Adulte intérieur l'avait aidé à reprendre les rênes de sa vie et à négocier avec les différentes parties de son moi pour s'autoriser à être heureux, à avoir une bonne estime de lui et une capacité à se sentir en sécurité.
Il a mieux compris la dynamique relationnelle avec sa compagne. Selon lui, elle souffrait d'un trouble de l'attachement anxieux. Ce jeu à deux renforçait l'insécurité d'Alain et il évitait d'autant plus qu'elle réclamait son attention. Il a renforcé ses compétences à communiquer et à dialoguer avec elle en identifiant et en exprimant mieux ses émotions, en étant à l'écoute de ses besoins. Alain a pu retraiter ses souvenirs traumatisants concernant la violence physique, psychologique et verbale de son père, mais aussi les souvenirs traumatisants d'abandon liés à sa mère. Il a mieux compris comment ces deux relations d'attachement insécures avaient développé son trouble de l'attachement évitant et a développé de la compassion pour l'enfant en lui, toujours insécurisé. Le retraitement de ses traumatismes lui a permis de guérir ses blessures émotionnelles, construire son estime de lui, sa confiance en lui, son sentiment de sécurité intérieure. Cela lui alui donné plus de stabilité relationnelle. Progressivement, il est sorti de l'alternance entre idéalisation/dévalorisation de soi et de l'autre.
La relation thérapeutique lui a permis également de construire un sentiment de confiance progressivement au travers du dialogue, de l'écoute et de l'empathie que je pouvais manifester sans le juger. Il a pu expérimenter comment il reproduisait dans la relation thérapeutique cet autosabotage, cette méfiance et analyser avec moi les souvenirs de l'enfance qui avaient engendré cela.
Si vous vous sentez concernés, vous pouvez contacter Christine Calonne, psychologue psychothérapeute à Namur et Liège au numéro : +32 42905814.