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Familles dysfonctionnelles : modèles parentaux et toute-puissance narcissique

Le 15 mars 2022
Familles dysfonctionnelles : modèles parentaux et toute-puissance narcissique
Comment reconnaître une famille dysfonctionnelle où règne la toute-puissance narcissique d'un parent ? Quels jeux de pouvoir entraîne-t-elle ? Se libérer de cette toute-puissance narcissique est possible. Des solutions existent. Voici quelques pistes.

A. Familles dysfonctionnelles et modèles parentaux :

Dans certaines familles dysfonctionnelles les modèles parentaux sont basés sur la toute-puissance narcissique d'un parent. Celui-ci ne peut envisager d'autre façon de penser et de vivre que la sienne. Son fonctionnement est complètement égocentrique et sans empathie. Il ne peut supporter la sensibilité de son enfant et la considère avec mépris. L'enfant ne reçoit qu'une reconnaissance positive conditionnelle, celle de satisfaire les exigences narcissiques de son parent. Sa mission est de s'adapter à ce modèle et de renoncer à toute identité propre, c'est-à-dire à satisfaire ses besoins propres et être écouté dans leur expression.

Cet enfant doit correspondre aux croyances limitantes de son parent : "Sois fort", "Fais des efforts", "Sois parfait", "Dépêche-toi". Le modèle parental exige que l'enfant soit fort, c'est-à-dire satisfaire les exigences de perfection de son parent afin d'être son faire-valoir. Le parent ne lui octroie pas le droit à l'erreur. Il ne reconnaît pas ses acquis et ne voit que ce qu'il n'a pas encore fait. Il a tendance à le critiquer et l'enfant développe une basse estime de lui. Il le pousse à l'action, à toujours plus de performances, sans relâche.

Cet enfant peut tenter, en grandissant, de compenser en critiquant les autres et en se comparant à moins "capable" que lui. Il apprend à nier ses émotions, ses besoins, à les éviter. Il fonctionne à coups d'efforts et d'actions. Il peut même devenir hyperactif, pressé et stressé déjà dans l'enfance.

Dans ces familles dysfonctionnelles, le relation d'attachement est marquée par l'insécurité et l'évitement. L'enfant apprend à éviter de ressentir, d'être vulnérable, empathique et d'être ouvert aux autres. Comme son parent ne reconnaît pas positivement son identité, sa relation avec lui est basée sur la méfiance. Il apprend à ne pas faire confiance et nourrit une colère intérieure, souvent non identifiée, contre ce parent.

B. Toute-puissance narcissique et jeux de pouvoir :

Adulte, il ne connaît pas son identité réelle et s'identifie aux résultats de ses actions. Il exprime cette colère de son enfance de façon indirecte à travers des rapports de forces et des jeux de pouvoir avec les autres.

Dans ces jeux, il ne prend pas la responsabilité de ce qu'il dit ou fait. Il accuse l'autre de ce qu'il dit ou fait lui-même. Il culpabilise et dénigre, fait du chantage ou des menaces pour ne pas ressentir sa blessure narcissique de l'enfance.

Il cherche ainsi à maintenir un sentiment de toute-puissance dans ses relations à travers ces jeux de pouvoir. Il enferme l'autre dans une relation de contrôle où il décide tout à sa place. Si l'autre veut lui échapper ou affirmer son identité, il l'agresse verbalement et les conflits peuvent s'accroître jusqu'à la destruction du lien, poussant l'autre à renoncer à sa liberté. C'est ainsi qu'il répète inconsciemment les modèles parentaux et ce qu'il a subi dans son enfance, la toute-puissance narcissique de son parent.

le triangle de Karpman illustre ces jeux de pouvoir destructeurs. La personne qui les exerce oscille entre Persécuteur, Sauveur et Victime. Lorsqu'elle contrôle l'autre et s'exprime dans un sentiment de toute-puissance, elle exerce la posture du Persécuteur ou celle du Sauveur. Lorsqu'elle subit les conséquences de ce contrôle sur elle-même ou sur les autres, elle peut entrer dans le rôle de Victime, car elle fait fuir ou peut s'épuiser à force d'efforts.

Se libérer de ces jeux de pouvoir subis dans l'enfance est possible. Les identifier, c'est prendre conscience de l'impact du stress qu'ils ont occasionnés dans le corps. Cela peut s'accompagner d'une prise de conscience de l'impact destructeur de ces jeux sur les relations de la personne qui les exercés : perte de confiance, violences, insécurité, impuissance, ...etc. Les conséquences à long terme sont plus négatives que positives. `

De nouveaux choix sont possibles en découvrant l'origine de ce dysfonctionnement et en prenant soin de l'Enfant intérieur blessé. Il s'agit de cette partie vulnérable niée en soi depuis l'enfance. Ce sont les émotions à écouter, les besoins à satisfaire, les limites à respecter pour être heureux, en paix avec soi et avec l'autre. Sortir de l'impuissance consécutive à l'épuisement, à des efforts acharnés pour survivre commence par l'écoute de ce qui suscite du plaisir dans le corps, de la joie dans l'âme, du contentement dans l'esprit.

C. Toute-puissance narcissique et burnout :

Ce mode de fonctionnement entraîne un profond sentiment d'insécurité, avec une peur de ne pas être capable. Il doit se prouver constamment par des défis toujours renouvelés qu'il est capable et le meilleur. L'intention sous-jacente est une quête profonde de reconnaissance positive de la part de du parent de son enfance.

Cette exigence de perfection le rend dur avec lui-même et avec les autres. Il se juge et juge les autres sans compassion et sans empathie. Cette carapace l'a aidé à survivre, mais pas à vivre. Il ne connaît pas le plaisir de s'arrêter, de goûter le moment présent, car il est constamment tourné vers l'avenir le nouveau but à atteindre. Il ne connaît pas la tranquillité du corps et de l'esprit. Il n'est pas conscient de lui-même et de ses blessures émotionnelles.

Ces souffrances niées se rappellent à lui à travers les tensions et les douleurs physiques. Ce stress peut l'entraîner vers un burnout, car il nie ses limites avec ce sentiment de tout-puissance narcissique. L'épuisement physique est le résultat de cette agitation constante de son corps et de son esprit en quête insatiable de reconnaissance.

Le burnout peut être pour lui l'occasion d'une remise en question positive, une prise de conscience de ses blessures émotionnelles et de ses besoins véritables. L'épuisement lui fait ressentir la peur de l'impuissance et le désarroi. Accepter cette impuissance peut l'aider à entamer un processus de changement pour reconstruire son identité véritable, découvrir ce qui le rend heureux et libre du passé.

Il peut reconnaître cette colère niée à l'égard des exigences parentales de son passé pour assumer cette liberté retrouvée. L'énergie de la colère va l'aider à se poser des limites, à s'écouter davantage. C'est une ouverture à la conscience de soi, à la sécurité intérieure et à la confiance. Dans ce calme et cette vulnérabilité, il peut mieux reconnaître ses besoins frustrés, le plaisir de vivre sans pressions. Il découvre la joie de prendre soin de lui.

La psychothérapie EMDR peut être l'occasion de connecter ses ressources intérieures et ses ressentis pour accepter cette vulnérabilité. C'est un processus favorisant le renforcement des capacités à être en sécurité, en confiance pour être davantage soi-même, libre et heureux.

D. Contact :

Si ce vécu vous parle, n'hésitez pas à contacter Christine Calonne, psychologue psychothérapeute à Namur et à Charneux : +32 42905814.