Le partenaire d'un individu au narcissisme pathologique, voire pervers narcissique, éprouve souvent une culpabilité excessive. Cette culpabilité est entretenue par l'agresseur, mais ce sentiment prend souvent racine dans l'enfance de la victime.
L'individu au narcissisme pathologique joue avec la culpabilité de l'autre. Il culpabilise son partenaire pour tout et pour rien. La culpabilisation déstabilise la victime quand elle est accompagnée de dénigrements, de messages paradoxaux ou de gaslighting. Cette manipulation mentale l’affaiblit. L’emprise en est renforcée.
Le partenaire exerçant l'emprise peut aisément détecter cette tendance et l’utiliser par des exigences toujours plus importantes à son égard. Ceci est accompagné de remarques négatives portant atteinte à l'estime de soi : « Tu peux mieux faire ! Tu n'y arriveras pas ! Laisse tomber. Tu es trop maladroit ». Mais, c'est à force de dévaloriser l'autre que celui-ci devient maladroit. Et voilà la victime qui se lance dans un nouveau défi pour prouver à son partenaire, mais aussi à elle-même qu'elle est capable.
L’enfant développe une culpabilité excessive face à des violences psychologiques ou des négligences exprimées par un parent insécurisant, car il ne peut exprimer sa colère à son parent, sous peine d’être rejeté. Ce serait l’équivalent de la mort pour lui, puisqu'il dépend complètement de ce parent pour sa survie. Il retourne cette colère contre lui et développe une culpabilité excessive. Ou bien, il se sent coupable des violences verbales ou psychologiques exprimées entre ses parents.
La culpabilité excessive peut également faire partie d’un perfectionnisme associé à la croyance limitante « Sois parfait ». L’enfant, puis l’adulte (co)dépendant, manifeste un perfectionnisme important dans la quête de la reconnaissance positive de l’autre. Ceci provient d'une relation insécurisante à un parent dans l'enfance. Ce parent l'a aimé conditionnellement. Celui-ci lui faisait sentir qu'il n'était pas comme il aurait dû être, c'est à dire pas conforme, pas légitime, pas crédible. Cet enfant n'était pas vu et entendu pour lui-même. Ce manque d'amour a laissé un vide intérieur. Le sujet tente de compenser ce manque d'amour par une quête de reconnaissance positive. Il se décentre de lui-même en n'écoutant plus ses émotions et ses besoins. Il espère que s'il est le meilleur, le plus performant, parfait, il sera reconnu et aimé. Il ne s’accorde pas le droit à l’erreur. Il peut s'infliger des auto-reproches, des jugements négatifs sur lui-même de façon répétitive. Mais, cela n'aide pas à retrouver la sécurité intérieure, l'amour pour soi. Cette quête est sans fin et elle mène à l'épuisement dans la relation d'emprise.
Le parent exerçant une telle emprise fonctionne dans l'imposture. Il culpabilise l'enfant pour exercer un pouvoir sur lui, plutôt que de l'aimer et de le soutenir. Il fait croire à de l'amour, alors qu'il s'agit de chantage affectif. Il achète son enfant plutôt que de le reconnaître et de l'aimer pour ce qu'il est. Il fait croire qu'il le valorise alors qu'il veut exploiter ses qualités pour servir ses propres intérêts. Il ne se préoccupe pas des besoins et des désirs de son enfant, mais préfère l'instrumentaliser pour renforcer son égocentrisme.
S’il s’agit d’un adulte à haut potentiel ce mécanisme est renforcé. L'imposture favorise le développement du syndrome de l’imposteur. L'enfant ne se sent pas légitime, à sa place, car étant enfant, il n'était pas reconnu et entendu en tant que personne, dans sa différence. Perfectionniste, hyper-responsable, intègre, droit et engagé, cet enfant prend sur lui la responsabilité de la relation et tente de tout faire pour être parfait. Il se comporte en petit adulte avant l'âge. Il s'interdit de s'amuser, de prendre plaisir à vivre, parce que les messages de son parent lui interdisent. Il se dévalorise et ne croit plus en ce qu'il est. Ce syndrome de l'imposteur le pousse à s'adapter à l'excès. Il devient manipulable et exploitable, leurré par cette imposture.
Le partenaire imposteur peut d’autant plus l’utiliser en se positionnant en Victime tandis que le sujet se positionne en Sauveur, dans l'attente de la reconnaissance qui lui a manqué étant enfant.
L'individu à haut potentiel peut redouter l’erreur, l’échec et se faire facilement manipuler s'il est culpabilisé dans l'enfance. Il peut être habitué à être dévalorisé par son entourage « Tu penses trop », « Tu n’es jamais satisfait », « Tu es prétentieux ». Il manifeste un seuil de tolérance beaucoup trop élevé aux dévalorisations de l'autre. Celui-ci joue avec ses émotions. Sa pensée en arborescence l’amène à constamment se remettre en question, sans pouvoir l’expliquer. Il cherche toujours de nouveaux paramètres à ses explications au point de se perdre dans ses analyses. Son besoin de sens le pousse à chercher à mieux comprendre l’autre, ses motivations même inconscientes et quand il s’agit d’un partenaire narcissique à l'excès, celui-ci peut en profiter pour le manipuler encore davantage. Hypersensible, il vit beaucoup plus intensément que les autres les émotions, les sensations. Cela peut d’autant plus perturber sa confiance en lui et le rendre malléable aux stratégies de manipulation narcissiques. Son empathie fait de lui une véritable éponge à toutes les injections de ressentis que le manipulateur refuse en lui. Son besoin de connexion affective le pousse à essayer de comprendre, soutenir l'autre. Il se positionne en Sauveur s'il a manqué de reconnaissance, d'empathie et d'amour dans l'enfance. Il se centre sur les besoins de l'autre dans son envie d'être reconnu et aimé pour lui-même, comme une belle et bonne personne. Ayant appris à être quelqu'un d'autre pour s'adapter à son parent, il reproduit cela dans son couple. Il se suradapte pour donner une image de lui que l'autre apprécie. Il s'oublie, oublie ses aspirations et ce qui est important pour lui tandis que le manipulateur l'exploite en le culpabilisant sans cesse.
Prendre conscience de ce qui se répète dans la relation à l'âge adulte des relations d'attachement insécurisantes de l'enfance permet à la personne souffrant de l'emprise de s'en libérer. Elle peut ainsi identifier quels besoins ont été frustrés dans son enfance et quelles attentes la poussent à retourner sa colère en culpabilité.
Elle se connecte à ses émotions, moteur pour ressentir l'énergie nécessaire à une mise de limites. En identifiant ses émotions, elle peut repérer ses besoins frustrés et oser dire "non". Identifier ses émotions implique de s’ancrer dans son corps pour observer et percevoir les signaux que quelque chose ne va pas dans la relation. Le corps est notre boussole. L’observation passe aussi par l’ancrage dans l’énergie du corps. La victime a besoin d’énergie pour observer. Il est important d’échapper à la vampirisation en se ressourçant. L’observation implique aussi de s’autoriser à prendre de la distance pour ne plus toujours faire plaisir dans l'espoir d'être reconnu et aimé.
Cela demande une remise en question des messages d’autorité du passé, surtout la croyance « Fais plaisir » et "Sois parfait". En s’autorisant le recul, la victime peut mieux repérer la violence et la manipulation. Elle peut renforcer ses capacités d’observation de son ressenti en étant plus dans l’instant présent. Les exercices de pleine conscience peuvent l’aider à être plus présente à elle-même pour mieux identifier ses besoins et ses limites. Laisser passer les pensées sans les retenir et les nourrir permet de mieux ressentir ce qu’il se passe en soi et dans la relation.
Il est possible de renforcer son état de sécurité, de bien-être afin de ressentir ainsi l'énergie nécessaire pour prendre sa place, se donner de la légitimité et s'écouter. Etre un bon parent pour soi est une étape essentielle pour poser ses limites. Après avoir pris conscience des blessures de l'enfance, la personne peut se mettre à l'écoute de l'enfant blessé en elle et prendre soin de ses besoins frustrés, surtout le besoin de respect. En respectant ses besoins, elle retrouve la joie, le goût de vivre et la confiance en soi sans avoir rien à prouver à son partenaire. Celui-ci perd l'emprise face à la liberté retrouvée de la victime.
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