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Comment confronter dans une relation saine et en cas de harcèlement ?

Le 07 novembre 2019
Comment confronter dans une relation saine et en cas de harcèlement ?
Confronter dans une relation saine n'implique pas les mêmes attitudes qu'en cas de harcèlement. Comment les différencier et agir de façon appropriée par rapport à la situation ? Voici quelques pistes de réflexion.

A. Harcèlement ou confrontation ?

Le harcèlement moral est une suite d'agressions verbales qui visent à blesser l'autre dans son intégrité et sa dignité. Le harcèlement est présent aussi bien dans les liens familiaux, conjugaux, que dans les relations professionnelles. Le harcèlement se différencie de la confrontation, parce que la personne qui harcèle vise à nuire à l'autre, à installer une emprise, alors que dans une confrontation au sein de relations saines, les deux personnes cherchent un rapprochement dans la bienveillance et le respect. Dans ce cas, résoudre des problèmes est possible grâce au dialogue et à la négociation.

B. Confronter dans une relation saine :

La confrontation, en cas de conflit, implique d’abord d’être bien ancré dans son corps, afin de se sécuriser, de se connecter à ses émotions, à ses besoins, à ses limites afin de s’y accrocher et de ne pas les perdre de vue durant la confrontation, parfois très déstabilisante. 
Il s’agit d’identifier les enjeux et les attentes que nous avons ainsi que celles de la relation. 
Se donner des permissions par rapport à nos croyances limitantes ou à nos affirmations contraignantes va aider à s’ancrer. Les croyances limitantes sont identifiables par des subordonnées « si … alors », par des généralisations, une fausse identité « je suis … », par des scénarios issus de notre passé, comme le scénario de sacrifice de soi, de concession (oublier ses besoins pour être "gentil"), de retrait (je reste en retrait et ne m’exprime pas, car c’est trop dangereux). Les affirmations contraignantes sont de 5 types « Sois fort », « sois parfait », « fais des efforts », « dépêche-toi », « sois gentil », suivant l'analyse transactionnelle. Les identifier aide à les désamorcer.
Définir le cadre de la confrontation permet son bon déroulement : définir mes règles, l'objectif, le lieu, le moment,  ...etc.
Il est important dans la confrontation de ne pas impliquer des tiers qui s’en mêlent et qui soient utilisés dans un rapport de forces destructeur, improductif.

Durant la confrontation, il est essentiel de garder une intention saine, c’est à dire permettre à chacun de donner son avis, son ressenti, sans jugement, sans accusation, sans vouloir avoir raison, ni juger.
Ecouter sans couper la parole, sans anticiper sa réponse, en reformulant ce que l’autre a dit va permettre à l’autre de se détendre, de se sentir en sécurité, accepté, disposé à négocier.
Qu'est- ce qu'un jugement ? C'est une interprétation, un à priori, une généralisation, une étiquette moralisante, ...etc.
S’en référer aux faits, reconstruire ensemble l’histoire du problème en ne gardant que les points d’accord, va permettre de trouver une solution.
S’il y a des non-dits, il est important de les clarifier, de demander à l’autre de préciser ce qu'il ressent, souhaite (pas de demande floue, de paroles floues).


C. Confronter en cas de harcèlement :

On a affaire à un interlocuteur qui ne veut pas dialoguer ni négocier, mais dominer et détruire.

Dans ce cas, il est important de se préparer de la même façon que dans les relations saines.

S’ancrer dans son corps en décroisant les membres, en respirant profondément avec un expire trois fois plus long que l'inspire aide à rester calme. Définir ses émotions, ses besoins, ses limites, ses désirs, les enjeux personnels et relationnels, se donner des permissions, définir le cadre nous prépare à faire face, à rester conscient, présent à soi dans la tempête du harcèlement. Imaginer l'autre minuscule, ridicule et soi immense donne du courage. Imaginer un lieu de sécurité, apaisant permet de mieux se protéger.

Ne pas réagir aide à ne pas se laisser prendre dans la cercle vicieux de la violence présente dans le harcèlement soit en tant que victime, soit en devenant à son tour agresseur. Se taire et attendre le bon moment pour agir permet de préserver son énergie et d'avoir l'attitude juste, la parole juste, l'action juste.

Durant la confrontation, il est important de ne pas émettre de jugement, vouloir avoir raison, ne pas accuser, car ce sera retourné contre soi (« Voyez comme il (elle) est violent, manipulateur, ...etc »). 

Il vaut mieux éviter de donner des informations sur soi qui seront retournées aussi contre soi, mais s’en tenir aux faits pour résoudre un problème concret indispensable à résoudre, ou bien reformuler s'il n'y a rien à résoudre de concret. Cela évite de donner des informations sur soi (ex. "Si je comprends bien, tu dis que je suis stupide, nul, incompétent, incapable de prendre les choses en main, ...etc).

Il est important de faire face à un déni dans le harcèlement en insistant sur les paroles, faits, comportements, mais sans vouloir avoir raison, sans interpréter le silence du harceleur, ou vouloir savoir à tout prix (ce sera aussi retourné contre vous).
Ecouter l’autre se fait de la même façon, mais sans laisser l’autre envahir tout l’espace de la parole pour dominer et détruire. Cela implique de mettre un stop ferme, mais bienveillant quand l'interlocuteur commence à déraper et à hausser le ton, dévaloriser, insulter, ...etc. Par exemple : Il me semble que le ton monte et notre conversation va devenir improductive. Je te propose de se recontacter une fois que le calme est revenu. On se parle bientôt".
Donner des limites fermes et sans céder est ici essentiel (tendance certaine à ne pas respecter l’autre chez le harceleur).
Pour faire face à la violence verbale, il est important de mettre un stop tout de suite, car cela peut rendre confus de subir de la violence verbale (état de choc) et cela rend manipulable ou agressif.

Faire intervenir des tiers après la confrontation est ici indispensable, car la négociation est impossible.

Les tiers peuvent aider la personne à sortir de l'isolement consécutif au harcèlement et à mettre en place les stratégies pour se protéger moralement, juridiquement, émotionnelement, psychologiquement, physiquement. En cas, de harcèlement, il est préférable d'avoir des témoins présents lors d'une confrontation.