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"Le narcissisme, créateur ou destructeur ", le nouveau livre de Christine Calonne

Le 05 juin 2023
Peut-on différencier un narcissisme créateur, en lien avec soi et l'autre, d'un narcissisme destructeur ? Comment identifier et soigner un narcissisme destructeur, grandiose et pathologique ? Le nouveau livre de Christine Calonne paru le 6 juin 2023.

Le narcissisme a souvent mauvaise presse. Qu'est-ce qui légitime un tel point de vue ? Peut-on envisager un narcissisme créateur, ouvert au lien avec soi et avec l'autre ? Ou bien, est-il toujours destructeur, axé sur la seule satisfaction de l'ego et de son pouvoir ? A quoi peut-on les reconnaître ? Y-a-t-il des conditions favorables dans l'enfance au développement de l'un ou de l'autre ? Peut-on soigner un narcissisme destructeur ? Quelles pistes envisager ? Voilà autant de question auxquelles Christine Calonne tente de répondre dans son nouveau livre "Le narcissisme, créateur ou destructeur ?". Il paraît aux éditions Ellipses le mardi 6 juin 2023, dans la collection 100 questions/réponses.

A. Un narcissisme créateur 

Le terme "narcissisme" est souvent associé à de l'égocentrisme, de la domination, un désir d'être admiré, un désir de paraître au détriment de l'être. Même si tout cela est présent dans le comportement d'un sujet au narcissisme destructeur, il n'en est pas moins vrai que le narcissisme créateur existe et est nécessaire pour développer un sentiment d'exister, d'être soi. Il permet de donner un sens à sa vie et de s’accomplir par l’écoute de ses émotions, des ses besoins et de ses désirs. Il est basé sur un état de sécurité intérieure. Dans cet état, un individu est calme et paisible. Il est capable de prendre du recul. Il observe ce qu’il pense, ses émotions, ses sentiments et ses sensations. Cette conscience de soi développe une intériorité de sorte qu’un sujet au narcissisme créateur peut s’arrêter, prendre du temps pour lui, pour se connaître et pour se ressourcer. Dans cette intériorité, il n’est pas dominé par ses émotions et par ses mécanismes de défenses. Il transforme par la conscience de soi ce qu’il ressent, ses pensées et ses souvenirs pour être créateur de sa vie. Cette intériorité évite de se perdre dans l’action ou de s’identifier à ses performances. Il sait se différencier d’autrui et accepter sa différence. Cette acceptation lui permet de ne pas utiliser autrui pour arriver à ses fins. Le plaisir de créer sa vie est plus grand que le plaisir de dominer et d’exploiter autrui. Le narcissisme créateur d’une personne la met en lien avec ses émotions, mais aussi avec celles d’autrui. C’est la base de l’amour pour soi et pour les autres. C’est ainsi qu’il peut se respecter, mais aussi respecter ce que ressent l’autre, ses limites et ses besoins. Il peut dire « non » face à des comportements abusifs ou maltraitants, car il respecte sa sensibilité en étant à l’écoute de lui. Il n'est pas manipulable.

B. Un narcissisme destructeur 

Par contre, le narcissisme destructeur abîme le lien avec soi et avec l’autre. L’individu au narcissisme pathologique refuse la différence, car il protège son ego surdimensionné avec un sentiment de supériorité. Il nie les émotions, les besoins et les désirs d’autrui en imposant les siens. Il ne respecte pas les limites d'autrui, car il désire imposer sa volonté et exercer son pouvoir sur l’autre. Il détruit l’identité de l’autre par les agressions violentes qu’il exerce sur lui. En effet, il n’accepte pas que l’autre ait un avis différent du sien, des initiatives qui limitent les siennes. Il ne supporte pas que l’autre n’adhère pas complètement à son plan. Il nie sa propre vulnérabilité, car il est coupé de souvenirs traumatisants et d’une souffrance insupportable à la base de ses mécanismes de défense.

Il y a tous les degrés dans l'échelle du narcissisme, avec à l'extrême la pathologie perverse narcissique. Avant cette extrême, on peut identifier un narcissisme grandiose, destructeur et un narcissisme vulnérable. 


Olivier vit à 97% du temps dans un état de frustration et de colère, car il faut que les choses aillent comme il veut, c’est à dire parfaitement. C’est notamment le cas dans la relation avec son fils. Il est très irrité si son fils le dérange, même s’il est sur les réseaux sociaux ou s’il regarde le mur pour penser à ce qu’il va faire. Il crie sur lui. Dès qu’il perd le contrôle sur les choses ou les gens, la partie combative de son moi réagit. Il menace son fils et le dévalorise. C’est pareil si celui-ci fait du bruit. Celui-ci n’a pas le droit de vivre sa vie d’enfant. Son esprit de compétition est tel qu’il est accroc à Twitter pour ne pas rater une information qui augmenterait ses chances de réussite professionnelle et sociale. Ce comportement de fuite le protège d'un état d'insécurité lié à des traumatismes passés.  Il ne peut lâcher prise pour le moindre détail et adopte constamment un discours moralisateur avec sa femme et son fils : « Tu dois », « Tu devrais », « Il faut ». Il ne peut être présent pour eux, car il est exclusivement concentré sur ce qu’il y a à faire et comment ça doit être fait. Il ne peut éprouver de l’empathie pour eux. Il n’a pas la capacité d’entrer dans un dialogue constructif avec eux. Il ne sait pas se concentrer sur l’instant présent, sur ce qu’il ressent ou ce que les autres ressentent. Il n’arrive pas à les écouter, à s’intéresser à eux. Ses exigences de performance sont telles qu’il faut que tout soit parfait constamment. Il n’a pas de limites dans son perfectionnisme. Il peut en arriver à s'épuiser et à rester figé, déprimé. Son exigence tyrannique le rend agressif. Il dévalorise et humilie rapidement autrui s’il n’obtempère pas à sa volonté. Il flagelle l’autre et s’auto-flagelle pour réaliser son plan. Tendu, il explose à la moindre résistance de la réalité ou des autres à ce plan. Il exerce alors sur l’autre des violences psychologiques et verbales. Son narcissisme destructeur le coupe du lien avec lui-même et avec les autres. Il ne sait pas rencontrer ses amis avec plaisir, car il va perdre du temps ou il va encore devoir convaincre les autres dans les discussions. Il est content d’être invité, mais il n’a pas envie d’y aller. Puis, il est content d’avoir participé à la soirée, mais il a du mal à repartir. Il n’arrive pas à être heureux avec lui-même ou avec les autres.

C. Les troubles de l'attachement liés au narcissisme destructeur

On peut observer le développement d'un trouble de l'attachement insécure évitant chez le sujet au narcissisme destructeur. Il a grandi dans une relation à un parent distant, dur, dominant, peu impliqué dans la relation à son enfant. Celui-ci ressent le sentiment qu'il dérange. L'enfant craint de ressentir et d'exprimer ses émotions, ses besoins et ses désirs. S'il le fait, l'enfant apprend que cela fâche son parent, ou bien il ignore ce que l'enfant exprime. L'enfant choisit ainsi de se débrouiller seul. Petit à petit, il nie ses émotions, ses besoins et ses désirs, ainsi que ceux des autres. Il veut être totalement indépendant, mais il survit avec un sentiment de solitude intérieure, d'insécurité, une colère profonde expulsée souvent sur les autres de façon inappropriée. L'enfant choisit d'éviter l'intimité. Il cherche des outils pour renforcer son indépendance excessive et pour ne rien exprimer comme besoin, ne rien demander. Il craint d'être envahi par les demandes et les besoins des autres. Ce trouble de l’attachement est présent dans le narcissisme pathologique, puisqu’il y a eu dévalorisation ou rejet du parent.

L'attachement insécure désorganisé chez un sujet au narcissisme destructeur apparaît dans des relations parentales dominées par la violence psychologique, verbale, sexuelle ou physique, en parallèle ou non avec des négligences. Le parent n'est pas disponible, se montre inconstant, instable dans l'échange émotionnel. Imprévisible dans ses réponses, il fige l'enfant de terreur et de stupeur. Celui-ci est dominé par un sentiment d'impuissance et de solitude. L'enfant devient lui aussi imprévisible, repoussant et/ou s'agrippant à la relation. Hypervigilant face au danger que représente la relation au parent, il devient hypersensible aux stimuli qui l'entourent. Il les interprète vite négativement à cause de son vécu pénible avec sa figure d’attachement. La relation au parent ne lui permet pas de comprendre les codes sociaux et de réguler ses émotions. Il oscille entre le désir de rapprochement et le rejet des autres, avec des niveaux de stress et d'insécurité très élevés. Il ne grandit pas dans la confiance en soi. Il développe parfois un narcissisme pathologique pour se défendre de ce sentiment d’infériorité, de nullité consécutif aux violences et au rejet parental. C'est le cas d'Olivier, souffrant d'un haut niveau de stress et oscillant entre rejet et rapprochement dans la relation à l'autre. Il a souffert toute son enfance de l'emprise de sa mère.

D. Soigner le narcissisme destructeur 

Il est souvent difficile pour un sujet au narcissisme destructeur de demander de l’aider, car il est dirigé par son sentiment de toute-puissance et il y tient. Cela lui a permis de survivre à son sentiment de solitude de l’enfance face à un parent indifférent, violent ou négligent envers ses besoins. Il a appris à nier ses besoins d’interdépendance pour ne plus souffrir. Mais, son comportement impulsif, son agressivité verbale et son non respect d’autrui fait souvent fuir les collègues, les partenaires ou ses enfants. Il peut alors être motivé à consulter un psychothérapeute. Olivier a entamé un suivi quand il a pris conscience de la mise à distance psychologique de sa compagne. De plus, il se sentait en état de survie, constamment insatisfait, stressé et en colère. Cela rejaillissait sur ses relations. 

Souvent, ces personnes souffrent de stress post-traumatique complexe avec des symptômes pénibles : insomnies, agressivité contre soi ou contre autrui, irritabilité, un état de dissociation du corps, un problème de régulation des émotions, une instabilité relationnelle, des ruminations, une difficulté à se concentrer et à être présent, une attitude critique très fréquente, une difficulté à se sentir proche, des manifestations physiques du stress comme les maux de tête, de dos, les troubles digestifs, une maladie auto-immune, des palpitations, un burnout, de la dépression, …etc. 

Un tel profil demande une approche thérapeutique qui tienne compte du corps et de la mémoire traumatique. Ces patients ont besoin d’une interaction humaine, empathique, sans jugement, bienveillante et chaleureuse à cause de ces troubles de l’attachement et des traumatismes profonds contre lesquels ils luttent.

La psychothérapie EMDR, avec la théorie des états du moi et polyvagale, permet de développer la sécurité interne, la conscience de ses sensations, de ses émotions, les ressources nécessaires pour aborder les traumatismes. Le dialogue avec les parties du moi en état de survie et la désensibilisation de la charge émotionnelle permet de renforcer la capacité d’empathie pour soi, pour les autres. Ces approches du traumatisme favorise le développement d'une pensée moins binaire au niveau de l'estime de soi. Ils ont besoin de faire l’expérience dans une relation humaine de l’empathie dont ils ont été privés de la part d’une figure d’attachement dans l’enfance. Christine Calonne utilise ses approches dans son travail clinique et en fait un descriptif dans ce livre à travers le vécu de certains patients au narcissisme destructeur.

E. Contact

Si ce sujet vous interpelle, vous pouvez l'approfondir en achetant le nouveau livre "Le narcissisme, créateur ou destructeur ?" écrit par Christine Calonne, psychologue psychothérapeute à Namur et à Charneux. Vous pouvez la contacter sur ce numéro : +32 42 90 58 14. Vous pouvez aussi la joindre par son formulaire contact