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La clé dans la reconstruction d'une victime de pervers narcissique : l'empathie

Le 19 janvier 2021
La clé dans la reconstruction d'une victime de pervers narcissique : l'empathie
La clé de la reconstruction d'une victime de pervers narcissique est l'empathie. Comment définir ce terme ? En quoi est-elle une clé essentielle pour reconstruire son identité ? Avec quels outils la développer ? Dans quel but ?

La clé de la reconstruction d'une victime de pervers narcissique, homme ou femme, est le développement de l'empathie pour soi. C'est la base d'une reconstruction progressive de son identité perdue durant la relation d'emprise. Rétablir son identité permet à la victime de guérir son burn out, sa dépression et son stress afin de se donner les moyens de relancer des projets de vie qui lui conviennent.

A. Qu'est-ce que l'empathie ?

La victime a été privée d'empathie durant l'emprise du pervers narcissique, car celui-ci en est dépourvu. L'empathie est la capacité à percevoir les sensations et les émotions de l'autre, selon Daniel Goleman. L'empathie cognitive permet de percevoir les émotions, tandis que l'empathie émotionnelle permet de les ressentir. Le pervers narcissique s'est coupé de son corps avec l'expérience de traumatismes passés. Il n'a pas les capacités d'être en lien avec lui-même et avec l'autre sur le plan émotionnel. Il peut percevoir intellectuellement les signaux d'une émotion chez l'autre. C'est l'empathie cognitive. C'est avec l'empathie cognitive qu'il repère sa proie et entretient l'emprise. Par contre, il n'est pas capable d'empathie émotionnelle. Coupé du ressenti de son corps, complètement égocentrique, il ne sait pas se mettre en lien émotionnel avec l'autre.

B. L'empathie, clé de reconstruction chez la victime ?

Après l'emprise, la victime cherche à se reconstruire. Mais, elle a intériorisé des caractéristiques de l'agresseur. Cela se traduit par un manque d'empathie pour elle-même. La victime ne s'écoute pas, se juge durement à la moindre erreur, se dévalorise et se culpabilise souvent. Cela favorise un comportement d'auto-sabotage.

Par exemple, une patiente avait annulé son rendez-vous deux heures avant, parce qu'elle se sentait épuisée. Ensuite, elle s'était culpabilisée et dévalorisée : "On ne peut pas te faire confiance. Tu ne mérites pas qu'on s'intéresse à toi. Tu n'arriveras à rien". Elle avait commencé à s'écouter et à reconnaître ses sensations, ses émotions durant sa psychothérapie. Mais, elle n'avait pas pris en considération que l'heure du rendez-vous proposée ne lui convenait pas à cause de son épuisement. Au lieu de le dire dès le départ, la partie d'elle-même critique et sans empathie avait pris le dessus et elle avait accepté l'heure tardive sans s'exprimer : "Tu dois faire des efforts. Tu vas y arriver". Puis, juste avant le rendez-vous, la partie d'elle-même qui se reconstruisait dans l'empathie s'était manifestée : "Ecoute-toi. Tu es trop fatiguée. Tu peux prendre soin de toi. Annule". Au rendez-vous suivant, nous avons pris en considération avec empathie ces deux parties d'elle-même pour réduire son conflit intérieur. La négociation avec les deux parties d'elle a permis à la patiente de choisir une heure de rendez-vous qui convienne à son état d'épuisement, c'est à dire en début d'après-midi. Elle a pris conscience à quel point elle avait été conditionnée depuis le plus jeune âge par sa mère à être l'enfant parfait, le faire valoir et combien il lui était difficile d'être à l'écoute d'elle-même, en empathie avec ce qu'elle ressentait. Sa mère avait nié toute son enfance ce qu'elle ressentait et la menace du rejet qui planait sur la relation terrorisait ma patiente. Elle avait appris à s'adapter tellement qu'elle était devenue première de classe jusqu'à son bac. Puis, elle a adopté sans s'en rendre compte les objectifs de carrière que sa mère avait pour elle. Mais, quand elle a pris conscience de cela et quand elle a stoppé ces études qui ne lui correspondaient pas, elle a vécu le rejet tant redouté, la haine, la dévalorisation, la culpabilisation, ...etc.

Avec sa psychothérapie, elle a appris à identifier les parts d'elle qui s'étaient construites dans la relation à sa mère. Elle a pu observer cette part critique, tyrannique, exigente, dure, intolérante qui l'avait conduite au stress chronique, au burn out, puis à la dépression. Elle a reconnu et exprimé ses ressentis, sensations et émotions petit à petit, l'enfant intérieur qu'elle n'avait pas pu s'autoriser à ressentir dans l'enfance. La part Adulte s'est ainsi construite, lui permettant de mettre des mots, d'observer et analyser son vécu intérieur. Une part bienveillante et protectrice s'est construite également. Progressivement, elle a pu développer de l'empathie pour elle-même et gérer les conflits internes entre ces parties si différentes. Elle a su les amener à négocier. Son corps avait fini par crier sa souffrance niée par sa mère à travers de fortes douleurs intestinales. En écoutant ce que son corps lui criait, en accueillant et en comprenant la signification de sa douleur, elle a reconnu sa colère, son chagrin, ses peurs, pour écouter ses besoins, rétablir ses limites et se respecter. La psychothérapie EMDR l'a aidée à réveiller les ressources en elle qui l'aident à construire son identité, à prendre soin d'elle avec empathie.

L'empathie se développe par l'ancrage dans le corps : apprendre à percevoir et vivre ses émotions, ses sensations. Cela favorise l'éveil à la conscience de l'instant présent, une attention de plus en plus forte à soi.

Cet ancrage permet la prise en considération de ses besoins et de ses limites. La victime peut ainsi renforcer sa capacité à être elle-même, à s'affirmer et à se protéger. Cette puissance intérieure est un vécu nécessaire et vital pour sortir de l'emprise et pour se reconstruire.

C. Contact :

Si ce qui est décrit vous parle, vous pouvez contacter Christine Calonne, psychologue psychothérapeute à Liège et à Namur : + 32 42 90 58 14.